Jazzlive

Du lundi au vendredi à 21h
Manon Brimaud
Vendredi 3 octobre 2025 | 09:00 - 10:00

Sasha Berliner au Duc des Lombards

Et ce soir, une batteuse de rock qui s’est transformée en étoile montante du vibraphone jazz. 

Et tout ça parce-qu’il n’y avait plus de place dans la classe de batterie de l’école des Arts d'Oakland en 2014. A l’époque, Sasha Berliner ne sait même pas ce qu’est un vibraphone, mais elle est curieuse, alors elle accepte de rencontrer l’instrument. Et comme dans toutes les belles histoires, c’est le coup de foudre. On garde le côté rythmique et percussif, et on y ajoute la dimension mélodique et harmonique. En gros, le compromis idéal pour le petit côté surdoué-intrépide de notre héroïne du soir. 

Deux ans plus tard, Sasha Berliner intègre tout simplement la meilleure école de jazz des Etats-Unis : la New School for Jazz and Contemporary Music de New York, où elle rencontre Stefon Harris, légende du vibraphone, qui devient petit à petit son mentor. C’est à ses côtés qu’elle sculpte minutieusement son propre style à la fois éclectique, contemporain et un poil futuriste. 

Un style qui plaît en tout cas, et qui met tout le monde d’accord. C’est simple, avec Sasha Berliner, tout est un exploit. En 2019, date de sortie de son premier album, elle est la première Américaine à recevoir le LetterOne « Rising Stars » Jazz Award (concours qui, comme son nom l’indique, récompense chaque année les futures stars du genre). L’année suivante, et à tout juste 21 ans, elle est la toute première femme à atteindre la première place du classement Downbeat (aka le classement le plus regardé du jazz) dans la catégorie “étoile montante du vibraphone”. Elle enchaîne avec une suite musicale pour Marimbas, des concerts sur les scènes les plus prestigieuses du monde entier (Newport Jazz Festival, Festival de Jazz de Montréal, Ronnie Scott’s, Blue Note), un deuxième album encore plus acclamé pour lequel elle s’entoure des meilleurs musiciens et musiciennes de sa génération, quelques collaborations avec d’immenses pointures (Cécile McLorin Salvant, Christian McBride, Nicholas Payton), … 

Bref, je crois que vous avez compris, Sasha Berliner, c’est peut-être l’étoile la plus brillante du ciel de l’avant-garde.

Ca parait mignon comme ça, mais il ne faudrait pas oublier que, si les étoiles brillent, c’est parce-qu’elles produisent leur propre lumière par réaction de fusion nucléaire. Oui, c’est puissant une étoile. On ne rigole pas avec les étoiles. Et Sasha Berliner, c’est pareil. Sa musique est profondément politique, et elle riposte depuis toujours et sans concession face aux défis auxquels sont confrontés les femmes dans le milieu. Dès 2017, et à seulement 19 ans, elle publie une lettre sur ses expériences et observations du sexisme au sein de la communauté jazz (lien bas de page). 

Mais il restait malgré tout un exploit que Sasha Berliner n’avait pas encore relevé : jouer au Duc des Lombards. Affaire réglée : la vibraphoniste est à l’affiche pour deux soirs, aujourd’hui et demain. L'occasion de présenter son troisième et tout dernier album au titre français : "Fantômes". On n’allait évidemment pas rater ça, alors avec Alexandre Visquis à la réalisation, on a posé notre studio mobile dans un coin de club pour vous faire vivre la première parisienne de Sasha Berliner en direct sur TSFJAZZ. 


Line up 
Sasha Berliner - vibraphone 
Rasmus Sørensen - piano
Felix Moseholm - contrebasse 
Jamie Peet - batterie 

 

La lettre ouverte

https://www.jazzwise.com/features/article/interview-with-sasha-berliner-many-of-us-are-involved-in-modern-jazz-that-avoids-categorisation-that-maybe-isn-t-even-jazz 

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