Jazzlive

Du lundi au vendredi à 21h
Manon Brimaud
Vendredi 7 mars 2025 | 09:00 - 10:00

Everybody Loves Roy Ayers

A Tribe Called Quest, Erykah Badu, the Notorious BIG, … Ils l’ont tous samplé au moins une fois. Pharrell Williams le place comme l’un de ses “phares musicaux”. Et si vous étiez sur GTA IV, vous avez probablement entendu sa voix même sans le savoir, en allumant entre deux braquages la station Fusion FM, dont il était l’animateur. Oui, on peut dire que Roy Ayers était un collègue… 

Mais ça, ce n’est que le nappage de sa carrière, les petits vermicelles sur le dessus du gâteau de sa vie. Parce-que Roy Ayers, c’est le maître incontesté de la neo-soul, et du vibraphone jazz. 

En même temps, il est tombé dedans quand il était petit, comme tous les élus. 

C’est Lionel Hampton qui lui offre ses premières baguettes. Roy Ayers a tout juste 5 ans. 

Mais c’est quand même un peu plus tard que les choses deviennent vraiment sérieuses. Au milieu des années 60, Reggie Workman, le bassiste du quartet de John Coltrane réussit, après des heures de négociation, à convaincre Roy Ayers de participer à une jam avec Herbie Mann au Lighthouse Club de Hermosa Beach. Roy ne le regrettera pas, et en devra une belle à son copain Reggie, parce-que cette soirée débouche sur quatre années de collaboration avec le flûtiste, dont l’enregistrement de son plus grand tube : Memphis Underground

Une fois terminées les années de formation, Roy Ayers entame la décennie 70 avec une sérieuse envie d’indépendance. Il s'envole pour New York et fonde son propre groupe, avec lequel il pose son ambition cosmique et spirituelle : le Roy Ayers Ubiquity. Oui, c’est classe. Entre le jazz-soul de Herbie Mann et le jazz-rock de Herbie Hancock, Roy Ayers se fait prophète du jazz-funk. Un jazz qui transpire, qui donne envie de bouger, de s’aimer et de ne jamais s’arrêter. Un jazz qui marque une époque aussi.Pour beaucoup sa musique restera la bande son des années 70, avec quelques tubes interplanétaires comme Everybody Loves the Sunshine ou Running Away

Jazz, soul, funk, R&B, … Et dans les années 80 : afrobeat! Roy Ayers signe directement un disque avec le maître en la matière, Fela Kuti. Un afrobeat un poil disco sous ses baguettes. Si vous voulez jeter une oreille, l’album s’appelle Music of Many Colors

Une musique de toutes les couleurs, c’est pas mal pour résumer Roy Ayers. Vous n’avez sans doute pas pu passer à côté vous non plus, le vibraphoniste le plus samplé de l’histoire, grand maître de la néo-soul, nous quittait ce mardi à l’âge de 84 ans. 

En 1992, il en avait 52, et il mettait le feu à un public un peu fatigué et malheureusement assis d’anglais grisonnants : le public du Brewhouse. C’est là qu’on s’apprête à le retrouver, pour faire la fête en son honneur, et sur sa musique évidemment, celle de son Roy Ayers Ubiquity. Le jeune et talentueux Zachary Breaux à la guitare, l’extravagant Dennis Davis derrière la batterie, le très solide Donald Nicks à la basse, et l’intello des synthés en la personne de Rex Rideout… 


Roy Ayers Ubiquity, Live at Brewhouse Jazz (Eagle Rock Entertainment PLC - 1992)

Zachary Breaux - guitare

Dennis Davis - batterie

Donald Nicks - basse

Rex Rideout - synthétiseurs

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