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THIS CAN'T BE LOVE
DIANA KRALL

Zombi Child

Le mercredi 12 juin 2019, par Laurent Sapir
Des fantômes haïtiens hantent le nouveau film de Bertrand Bonello, "Zombi Child". Pas sûr que le spectateur parvienne à entrer dans la transe...

Drôle d'historien pour un second rôle ! Patrick Boucheron, l'auteur de L'Histoire mondiale de la France, surgit dans les premières minutes de ce qui sera par la suite un récit bien peu captivant. Face à de jeunes demoiselles en uniforme bleu marine étudiant au sein d'un pensionnat sélect, il cite Michelet, apôtre d'une Histoire "discontinue, hoquetante"... Napoléon ne s'est-il pas d'ailleurs revendiqué de la Révolution française pour mieux s'en débarrasser ?

D'emblée, on pressent que Bertrand Bonello ne va pas vraiment maîtriser la matière qu'il a dans les mains. Les fantômes de l'esclavage, dont une sublime trouvaille musicale avait déjà réveillé le souvenir dans L'Apollonide, souvenirs de la maison close, sont censés refaire surface, ici, au travers de deux récits parallèles: côté pile, l'odyssée d'un Haïtien errant des années 60 victime d'un mauvais sort qui en a fait un zombi et un esclave, côté face, les rites secrets auxquels s'initient des jeunes filles d'aujourd'hui dont l'une est également haïtienne.

La suite est plus confuse. Bonello semble vouloir évoquer une transmission de culpabilité au travers des relations historiquement lourdes entre la France et Haïti. L'épisode haïtien tient plutôt bien la distance, mais on aurait souhaité qu'il soit plus développé. La partie teen movie déconcerte d'avantage, surtout lorsque la transe vaudoue sert de thérapie à un chagrin amoureux. Au final, et malgré l'intensité de ces thématiques, ce film laisse de marbre. Les zombies de Jarmusch étaient bien plus affriolants.  Le réalisateur a au moins le mérite de ne pas foncer dans le mur, comme ce fut le cas avec l'ahurissant Nocturama.

Zombi Child, Bertrand Bonello (Sortie en salles ce 12 juin)

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