Vendredi 12 décembre 2025 par Laurent Sapir

BelleJazzClub (Vol. 1)

Il est classé dans notre palmarès annuel des meilleurs albums TSFJAZZ. Le saxophoniste Adrien Soleiman illumine autant des hivers arides que des fins d'automne entre deux clairs-obscurs. Les climats changeants de "BelleJazzClub Vol.1" lui ont en tout cas inspiré un joyau à dégustation lente.

 

C’est un album dont la première écoute ne renverse pas forcément. Enrobage jazz-pop, effluves de joliesse... Le profil de son interprète parasite aussi l'attention : le nom d'Adrien Soleiman, on l'a croisé sur d'autres territoires, et dans une galaxie qui nous est aussi sympathique qu'extérieure. Y brillent notamment les noms de Juliette Armanet, Philippe Katerine ou encore Sébastien Tellier. Ce musicien a pourtant été biberonné au jazz et a commencé à jouer du saxophone sous l'influence de John Coltrane et Stan Getz. C'est plus récemment qu'il s'est lancé dans des projets en solo, qui ont suscité un certain intérêt.

Alors quelques mois plus tard, et alors que le 2e volume de ce BelleJazzClub est déjà programmé début 2026, on tente une deuxième écoute, puis une troisième, et c'est un délice de fin d'automne. Un disque hybride, oui, mais au beau sens du terme. D'une plage à l'autre, tout est gourmand et inspiré, suave et mélancolique, fleur bleue et parfois, aussi, un peu carnivore. Un seul morceau, le sublime Les Enfants, montre à quel point Adrien Soleiman sait envelopper l'auditeur dans une multitude de climats, sans jamais rompre le fil de l'émotion.

Un autre titre est dédié au grand-père guadeloupéen d’Adrien Souleiman, avec un très beau texte de Arthur Teboul, tandis que la chanteuse indie pop Halo Maud emporte When The Magic Happens sur des rivages aux accents dystopiques. Pour le reste, le son de saxophone envoûte de bout en bout, Tony Tixier assure aux claviers, tout comme Marc-Antoine Perrio à la guitare, et la partie instrumentale  — largement dominante — possède toutes les vertus d'un paysage cinématique. Chaque morceau semble appeler ses propres images, ses fondus, ses ellipses, comme un film tourné à bas bruit, ou alors un travelling sous soleil voilé, l'astre discret irisant toutes les nuances. Un vrai voyage vers l’ailleurs, en somme, ce qui là, pour le coup, est complètement jazz.

BelleJazzClub Vol.1, Adrien Soleiman (Naïve/Believe), 8e dans le top ten 2025 de TSFJAZZ.