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Lupin, dans l'ombre d'Arsène

Le vendredi 29 janvier 2021, par Laurent Sapir
Arsène Lupin netflixisé en fils d'immigré sénégalais se rêvant à son tour Robin des Bois. Le charme opère malgré poncifs et maladresses. Quant à Omar Sy, c'est le plus hype des gentlemen cambrioleurs.

Tout simplement Noir, Arsène Lupin cartonne désormais à l'international. On est heureusement à des années-lumière de la pochade de Jean-Pascal Zadi dans cette adaptation vibrionnante sur Netflix des aventures du célèbre gentleman cambrioleur imaginé par Maurice Leblanc. L'idée de départ séduit d'emblée. Omar Sy ne campe pas Lupin à proprement parler mais son clône contemporain, Assane Diop, fils d'immigré sénagalais aussi ensorceleur que son illustre modèle lorsqu'il s'agit de subtiliser des biens mal acquis, de ridiculiser les puissants et de changer d'apparence.

Surfant sur le matériau romanesque originel (du collier de la reine aux aiguilles d'Étretat...), les auteurs de la série ont cependant gratifié leur héros d'une motivation supplémentaire: venger son père, un chauffeur qui s'est suicidé après avoir été injustement accusé de vol par un patron véreux. C'est Hervé Pierre qui incarne de façon délictueuse cet infâme Pelligrini dont l'épouse, peut-être plus pardonnable, et la fille, mélange d'ambition et de fêlures, sont respectivement incarnées par Nicole Garcia et Clothilde Hesme tandis que Ludivine Sagnier joue l'ex-compagne mais complice éternelle d'Hassane.

Un rythme aussi alerte que le jeu d'Omar Sy maintient l'attention au gré des cinq premiers épisodes jusqu'à présent mis en ligne. À la réalisation, Louis Leterrier réussit ses scènes d'action et produit un bel objet visuel tout en dextérité, y compris en y intégrant les scènes de flashback. Son Paris métissé et contemporain a aussi beaucoup de charme. On y retrouve un effet carte postale façon Amélie Poulin mais en moins surfait. L'ensemble dégage indéniablement une note sympathique, comme une sorte d'"appropriation culturelle" à front renversé, montrant au passage à quel point ce terme tient peu la route.

Difficile en même temps de faire l'impasse sur les poncifs, la pauvreté des dialogues et l'état de croquis auquel sont réduits trop de seconds rôles à l'exception notable de Soufiane Guerrab dans la peau du flic passant pour un idiot mais qui est finalement le plus malin de la bande puisque lui, au moins, il a lu Arsène Lupin. Ses écueils sont-ils forcément la rançon d'un divertissement formaté pour l'export ? L'originalité et la vitalité du dépoussiérage invitent à l'indulgence. En somme, on a envie de voir la suite.

Lupin, dans l'ombre d'Arsène, Louis Leterrier, à voir depuis le 8 janvier sur Netflix.

 

 

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