Sous les eaux d'Avalon

Nouveau décor, nouveau personnage... et ballon d'essai raté pour Michael Connelly malgré une enquête délocalisée sur l'île rocheuse à la fois brumeuse et paradisiaque de Santa Catalina, à quelque 75 km de Los Angeles...
Chic, un nouveau personnage sur la planète Connelly ! Problème: il n'aime pas le jazz, ou du moins y semble parfaitement indifférent. Rien de rédhibitoire, sauf lorsque s'y ajoute un manque total d'aspérités. Ainsi en va-t-il, hélas, de l'inspecteur Stilwell, muté sur l'île de Santa Catalina, au large de Los Angeles, où il fait quasiment office de seul shérif.
Il n'aime pas qu'on déforme son nom -"Stilwell, pas stillwater (eau plate)"-, le nouvel enquêteur de Michael Connelly, et on le comprend. Force est pourtant d'admettre qu'il pétille beaucoup moins au regard des sautes d'humeur d'un Harry Bosch ou des névroses aquatiques de Renée Ballard, sans oublier le tempérament fanfaron mais parfois angoissé de l'avocat Mickey Halley. Circonstance aggravante, sa pépère relation de couple avec une assistante de capitaine sur le port d'Avalon, la principale localité de Santa Catalina.
Ce nouveau décor avait en même temps de quoi dépayser: un port dans la brume, une île rocheuse protégée pour grosses fortunes, des œufs marinés sur bretzels en guise de spécialité locale... Il y avait effectivement matière à revitaliser l'univers très jungle urbaine de Connelly via cette soudaine bifurcation insulaire. Encore aurait-il fallu une intrigue affriolante, mais la découverte en pleine baie d'Avalon d'un corps de jeune femme lesté par une ancre et enveloppé dans un sac de voile épuise rapidement ses attraits. La victime a beau avoir une mèche du même violet que celui d'une fleur vénéneuse poussant sur l'île, le déroulé de l'enquête s'avère bien peu coloré, même sur fond de grosses tensions avec la hiérarchie de L.A.
La trame parallèle autour d'un bison mutilé ne suscite guère plus d'intérêt, y compris lorsque la carcasse mène à l'arrestation d'un maire particulièrement véreux. On l'aura compris: un retour de Michael Connelly à Los Angeles intra muros s'impose au plus vite. Plutôt qu'une vague référence comme ici aux incendies du début d'année, une autre actualité plus récente, plus musclée et plus politique devrait normalement renouveler son inspiration.
Sous les eaux d'Avalon, Michael Connelly (Calmann-Lévy)