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Tout simplement Noir

Le mercredi 08 juillet 2020, par Laurent Sapir
Quand une marche pour la fierté noire tourne au fiasco... "Tout simplement Noir", premier film de Jean-Pascal Zadi, coche toutes les cases du moment au regard du contexte. Seuls la pauvreté abyssale de la mise en scène et un humour qui tombe à plat pourront éventuellement générer un certain malaise.

Toujours se méfier des films calibrés aux petits oignons dans un contexte politiquement explosif. Entre manifestations post-Adama Traoré et fièvres déboulonneuses, l'humoriste et rappeur Jean-Pascal Zadi comblera autant la sensibilité antiraciste des uns que l'allergie à toute assignation identitaire des autres. Son Tout simplement Noir est d'abord tout simplement œcuménique au risque de rester constamment, ou presque, à la surface des questions qu'il pose à juste titre.

Lui devant, les AllStars derrière. Zadi, c'est J.P, un comédien en pleine galère dont la couleur de peau éveille chez ses éventuels recruteurs une seule question: "Tu viens de quelle banlieue ? ". L'idée lui vient alors d'organiser une "Black Pride" relayée par le gotha de la "communauté". Ainsi défilent dans leur propre rôle l'humoriste Fary, mais aussi Joey StarrVikash Dhorasoo ou encore la méga-star Omar Sy. Belle brochette, sauf quand l'opportunisme s'en mêle. L'initiateur de l'événement ne brille pas non plus par sa finesse. Les "sisters", comme il dit, sont exclues par avance de cette marche 100% masculine, et sa définition du Noir made in France ("cheveux crépus, peau d'ébène, avec des ancêtres qui ont vécu l'esclavage parce que c'est un crime contre l'humanité "...) suscite certains haussements de sourcils.

Oubliant d'être drôle, le propos se concentre surtout sur son dispositif de faux documentaire, le personnage principal étant constamment suivi d'une caméra. Malheureusement, et aux antipodes de ce qu'Alex Lutz avait si bien réussi avec Guy, la mise en scène à laquelle est associé le photographe John Wax se résume surtout à une suite de sketchs à la tonalité répétitive. À trop accentuer ses traits d'idiot de la communauté, Jean-Pascal Zadi échoue également à rendre émouvant son double à l'écran. Du coup, c'est toute la thématique de la sous-représentation des Noirs à l'écran qui tombe à plat.

Une seule vraie scène nous enlève à notre torpeur: Mathieu Kassovitz, avec sa façon légendaire de crever l'écran, surgissant en réalisateur exalté prêt à célébrer la Black Power à condition de trouver un acteur qui lui rappelle les cannibales chez Tarzan. Pour le reste, on discernera avec peine les raisons pour lesquelles un propos à la facture aussi brouillonne nous est présenté comme LE film qui ramènera les spectateurs dans les salles obscures à peine réouvertes. Misères du déconfinement... Drôle de sensation, aussi, lorsqu'au générique de fin s'inscrit en gros: produit par GAUMONT. C'est sûr que Toscan les ruinait davantage...

Tout simplement Noir, Jean-Pascal Zadi (sortie en salles ce mercredi)

 

 

 

 

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