Au studio avec Hugo Lippi
« Grappelli disait qu'avec l'âge on ne progresse pas, on nettoie. Je commence à être plutôt d'accord avec lui ».
Celui qui parle, c’est le guitariste Hugo Lippi. Notre héros du soir dans Jazzlive. Pour son dernier album, il est allé faire le ménage du côté de sa chambre d’ado. Inévitablement, ça lui a pris plusieurs mois, il s’est retrouvé sans s’en rendre compte assis par terre à redécouvrir ses bricoles, le tout en écoutant ses premiers amours avec des étoiles dans les yeux et l’envie de dire que “ça, c’est de la musique bordel”.
Mais Hugo Lippi est beaucoup plus élégant que ça. Il sait bien, lui, que rien n’est plus intense que d’avoir 14 ans, et que c’est avec ces disques qu’il a sculpté ses goûts et construit ce monde intérieur dans lequel on croise aussi bien Paul Simon que Edith Piaf. L’un de ses cartons préférés, c’est son carton CTI. CTI, c’est le label que fondait le producteur Creed Taylor à la fin des années 60 avec pour mission de laisser un espace à la rencontre entre le jazz et la pop, sans laisser l’exigence sur le pas de la porte. Ce label, c’est à la fois Antonio Carlos Jobim, Freddie Hubbard , Quincy Jones et Nina Simone.
Au-delà des disques eux-mêmes, c’est toute l’époque qui fascine Hugo Lippi. Au même moment, en France, explosait l’âge d’or de la variété. Et tout (ou presque) se passait au 95 rue Championnet dans le 18e arrondissement. Là-bas, on pouvait croiser dans la même journée Françoise Hardy, Nino Ferrer, Dalida et Joe Dassin, et Hugo Lippi rêvait depuis longtemps de ce studio où on n’enregistrait pas la musique comme tout le monde.
J’imagine qu’il a dû faire un clin d'œil à son âme d’enfant, en avril dernier, quand il passait la porte du légendaire studio CBE pour graver son deuxième album sur le label For Musicians Only : “Ohla Maria”. Un disque d’artisan, minutieusement sculpté, pas pour impressionner mais par amour de l’art et par respect pour les aînés. Presque par devoir. Celui de ne pas oublier le pourquoi sans cesser de réinventer le comment.
Un déclaration d’amour en six cordes et en quartet, puisqu’après “Reflection in B” qu’il sortait en solo l’année dernière, Hugo Lippi a fait appel à une équipe qui lui va bien : Gaël Rakotondrabe au piano, Laurent Vernerey à la contrebasse et Denis Benarrosh à la batterie. Sans oublier quelques invités surprises parce-que c’est aussi ça une chambre d’ado.
Et pour le premier concert officiel, Hugo Lippi nous a donné rendez-vous dans un autre temple de l’enregistrement sonore à Paris, dans le XXe arrondissement de Paris : les Studios Ferber.
Rendez-vous dès 21h sur TSFJAZZ!
Line up
Hugo Lippi - guitare
Gaël Rakotondrabe - piano
Laurent Vernerey - contrebasse
Denish Benarrosh - batterie
+ Guests
Fabien Mary - trompette
Hugo Guezbar - guitare
ALBUM A VENIR : Ohla Maria (sortie le 23/01/2026)