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TAKE THESE CHAINS FROM MY HEART
MADELEINE PEYROUX

The Swimmer

Le vendredi 19 novembre 2010, par Laurent Sapir

C'est le genre de film dont on adore raconter le pitch: "The Swimmer", c'est Burt Lancaster, 55 ans et des poussières au moment du tournage en 1968. En maillot de bain tout au long du film, il incarne un type apparemment radieux qui décide de rentrer chez lui en nageant de piscine en piscine. Elles forment comme une rivière censée l'amener vers sa maison, située derrière une colline.

Tout va très bien au départ. Dans chaque propriété qu'il honore de sa présence avant d'effectuer son plongeon rituel, notre homme étale son bonheur, sa félicité familiale, son épanouissement professionnel... Il a plein d'amis, semble-t-il, devant lesquels il se gargarise de ses muscles et de son allure solaire.... Et puis, progressivement, ça se lézarde, notamment lorsque l'ex baby-sitter  de ses deux filles se refuse à lui. Dans l'une des multiples piscines arpentées par "The Swimmer", il n'y a plus d'eau ! Le spectateur comprend alors, peu à peu, que le bonheur affiché n'était que de l'écume et du mensonge. 

Les choix esthétiques du réalisateur, Frank Perry, épousent parfaitement l'humeur du film... Première partie bucolique, presque lounge, avec ralentis à foison et couleurs champagne... L'American Way of Life dans toutes ses paillettes... Plus rien d'estival, ensuite... C'est l'automne d'une vie qui se déploie alors à l'écran, Narcisse dans son miroir brisé, avec des tonalités plus contrastées, avant qu'une ultime séquence, sous la pluie, ne vienne doucher définitivement les avatars d'une certaine société de consommation à l'américaine.

Le film n'était jamais sorti en France. Redécouvert il y a quelques années par l'Etrange Festival, "The Swimmer" est un véritable trésor caché de la fin des sixties qui ne renvoie finalement à aucune lignée passée ou future... Pas même à ce qu'on devait appeler plus tard "Le Nouvel Hollywood". Raison de plus pour ne pas louper l'arrivée sur les écrans, le 24 novembre prochain, de cette pépite rare du cinéma américain qui fascine et bouleverse,à l'image d'un Burt Lancaster qui, si aquatique soit-il, n'a plus rien à voir cette fois-ci avec l'icône à laquelle il prêtait ses muscles lorsqu'il enlaçait Deborrah Kerr dans la fameuse séquence balnéaire de "Tant qu'il y aura des hommes"...

"The Swimmer", de Frank Perry (Sortie en salles le 24 novembre) Coup de projecteur, la veille, sur TSFJAZZ (8h30, 11h30, 16h30), avec l'exploitant de la salle "Le Kosmos", à Fontenay-sous-Bois

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