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THEM THERE EYES
ELLA FITZGERALD

I Remember When

Le dimanche 17 mars 2013, par Laurent Sapir

Bondissante et radieuse, Kellylee Evans a troqué les écorchures amoureuses de Nina Simone contre des reprises de succès hip hop. Un souvenir d'automne, au Duc des Lombards, nous avait déjà convaincus que ce grand écart apparent ne nuisait en rien à l'enthousiasme que la Canadienne aux pieds nus (Autre souvenir... Olympia, décembre 2010), est capable de susciter.

On peut ainsi passer, instinctivement et dans un même élan, du vibrato aux samples et de "Let Me Be Misunderstood" à Eminem sans forcément dissoudre dans un jeunisme de mauvais aloi une sensibilité aux 38 printemps. Encore faut-il pour cela bien s'entourer. Bingo ! Eric Legnini et Sébastien Vidal, qui ont participé à la réalisation de ce nouveau répertoire, n'ont en rien brimé la maturité et le pouvoir d'émotion de Kellylee Evans. Ils ont surtout veillé à prodiguer d'autres nuances au soupçon de gravité que ses yeux magnifiques laissent parfois entrevoir. 

Il en résulte un album dansant, rafraîchissant et généreux, mais aussi à fleur de peau... "Un truc de fin d'été, indécis et rieur", avais-je mailé à mon directeur d'antenne lors d'une première écoute datant d' il y a quelques mois. Sauf qu' en cette fin d'hiver, ce sont des sonorités plus tendres et plus chaudes qui emportent l'adhésion. On ne cesse ainsi de réécouter le "Amazing" de Kanye Weist ou encore le "Désolé" de Sexion d'Assaut qui lui vont comme un gant, à Kellylee, surtout lorsqu'elle reprend à son tour: "Les gens veulent faire de moi une entité, j'vais tout plaquer"...

Il n'y en a pas que pour le rap, du coup... Gladys Knight et John Legend sont aussi de la partie avec  "If I Was Your Woman" et "Ordinary People". Là encore, prime à l'émotion, mais  aussi au chatoyant avec des accompagnateurs aussi chevronnés que Eric Lohrer à la guitare, Sylvain Romano à la basse, Fabrice Moreau à la batterie et Eric Legnini himself aux claviers... Musiques d'hier et d'aujourd'hui se confondent ainsi dans un velouté soul jazz qui rend ce "I Remember When" délicieusement inclassable.

"I Remember When", Kellylee Evans (Universal Jazz). Concert au Café de la Danse, à Paris, le 27 mars.

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