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Habemus Papam

Le mercredi 24 août 2011, par Laurent Sapir

Ils sont comme des gamins pris au piège d'une interro écrite. Ils doivent mettre un nom sur une fiche cartonnée et chacun, dans son for intérieur, prie le seigneur de ne pas être le malheureux élu. Drôle de conclave, drôles de cardinaux... Le Pape est mort, et apparemment, personne n'a envie de lui succéder. Surtout pas ce discret et imposant prélat, au fond de la "classe", vers lequel, au 2ème tour de scrutin, se tournent peu à peu les regards.

Il faut voir le sourire gêné de Michel Piccoli à ce moment là pour comprendre ce que Nanni Moretti a le mieux réussi dans son nouveau film, "Habemus Papam", à savoir la séquence d'ouverture. Panique. Terreur. Il ne veut pas devenir pape, Piccoli. Trop énorme, la responsabilité. Trop étouffante, cette société du spectacle qui a toujours besoin d'un chef ou d'un pseudo-chef pour donner la bonne direction... "Une grande tempête est en moi", disait Jean-Paul 1er avant de trépasser 33 jours après son élection... Alors il court dans les couloirs du Vatican, le pape d' "Habemus Papam".. Il hurle de vertige à l'approche de ce maudit balcon où il est censé répondre à l'ovation des fidèles, place Saint-Pierre.

Immense comédien. Un roc de fragilité. Tant pis si les deux mots ne vont pas ensemble. De toute façon, il y a un film à l'intérieur de ce film comme il y a parfois un Etat dans l'Etat. Ce film, c'est Michel Piccoli, 85 ans. On n'a pas le droit d'écrire "monstre sacré", puisque le film raconte justement l'odyssée d'un type qui refuse toute sacralisation, mais le coeur y est.

Pour le reste, Nanni Moretti a choisi de ne pas forcer le trait... Là où l'on craignait l'outrance, c'est la poésie qui a le dernier mot, notamment lorsque le pape qui ne veut pas devenir pape fugue dans les rues de Rome et rencontre une troupe de théâtre qui joue du Tchekhov... Pendant ce temps là, le réalisateur italien apparaît lui même dans la peau d'un psychanalyste qui vient calmer l'angoisse des cardinaux en leur faisant jouer un match de volley. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film. Longueurs... Manque de souffle... Heureusement, à la fin, Michel Piccoli revient au Vatican pour une nouvelle scène d'anthologie.

"Habemus Papam", de Nanni Moretti (Sortie en salles le 7 septembre)

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