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OVER THE RAINBOW
MELODY GARDOT

Brooklyn Affairs

Le samedi 30 novembre 2019, par Laurent Sapir
Be bop et syndrome de la Tourette... Avec son 2e film comme réalisateur, "Brooklyn Affairs", Edward Norton signe un polar délicatement "vintage" qui nous emporte par son swing et sa sensibilité.

Un "anarchiste qui prend le contrôle de mon cerveau "... C'est en ces termes que le détective de Brooklyn Affairs caractérise le syndrome de Tourette dont il est atteint et qui lui joue bien des tours. Tics nerveux, saillies lexicales incontrôlées... Difficile de mener à bien une enquête lorsqu'on est sujet à un tel trouble neurologique. À la fois derrière et devant la caméra, Edward Norton parvient pourtant à ne jamais victimiser ce personnage auquel il prête une sensibilité et des intuitions décisives lorsqu'il s'agit de venger la mort de son mentor et seul ami campé par Bruce Willis.

Enquête rondement menée dans un New-York des années 50 joliment vintage, de Harlem à Brooklyn, en passant par les zones les plus huppées de Manhattan où sévit un Alec Baldwin plus retors que jamais en promoteur raciste pratiquant la gentrification façon bulldozer. Mais c'est surtout l'acteur-réalisateur principal qui nous bluffe, à l'instar de ce qu'il dégageait dans Birdman en matamore de la scène à la fragilité insoupçonnée.

Les deux films ont également en commun des pulsations jazzistiques (souvenez vous des battements de cymbales d'Antonio Sanchez dans le Iñárritu !) qu'Edward Norton sublime avec brio lorsque son personnage pénètre dans un club de Harlem. Ici, on ne peut que céder la parole à l'acteur lui-même lorsque sur TSFJAZZ il lance cette phrase cultissime: "Si le syndrome de Tourette était un style, ce serait du be-bop !"... Bien vu et surtout bien entendu lorsqu'on sait à quel point les phrasés véloces, répétés, inversés et joueurs résument d'une certaine manière le genre auquel Charlie Parker et Dizzy Gillespie ont donné leurs lettre de noblesse. 

Ne reste plus qu'à intégrer dans le scénario un personnage de trompettiste qui rappelle un certain Miles Davis, et on est définitivement embarqué. D'autant que la B.O, mélancolique à souhait, fait intervenir deux amis de longue date d'Edward Norton: le trompettiste Wynton Marsalis et le chanteur de Radiohead Thom Yorke. Ces trois-là ont longuement causé de Charles Mingus dans sa période Blues & Roots ou encore de Billie Holiday pour définir l'ambiance musicale souhaitée. Un morceau aussi charnel que tamisé, Daily Battles, témoigne de ce temps suspendu.

Brooklyn Affairs, Edward Norton (Sortie en salles le 4 décembre). Edward Norton sera l'invité exceptionnel de Daily Express, ce lundi 2 décembre, à 12h30. 

 

 

 

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