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PAT METHENY

The Grand Budapest Hotel

Le vendredi 28 février 2014, par Laurent Sapir

C'est vraiment très geek et un peu tragique, aussi, ce mois de février, côté 7e art... Après Jarmusch, c'est Wes Anderson qui nous assène son encombrante fantasmagorie. Les snobs vont adorer. Passeront leur tour, en revanche, ceux qui sont en quête d'une écriture moins superficielle et autrement plus charnelle. Un vol de tableau, un concierge quelque peu lubrique, une ambiance "montée des périls" dans un pays imaginaire d'Europe Centrale de l'entre-deux-guerres... The Grand Budapest Hotel prétend faire mayonnaise de tout ça en cumulant name dropping et vignettes habiles.

Les stars défilent, parfois fort brièvement (Bill Murray, Léa Seydoux...), il ne manque pas une queue de cerise au décor de carton-pâte qui s'offre à nos yeux et du rythme, indiscutablement, il y en a dans cette picaresque course-poursuite dont le film se fait l'écho à travers différents et subtils niveaux de lecture. Et après ? A trop faire son malin, à vouloir déranger Oscar Wilde pour honorer Stefan Zweig et à ne cultiver que dandysme et loufoqueries, Wes Anderson n'est pas seulement complètement à l'Ouest en ce qui concerne l'éventuelle densité politique de son propos. Il tourne le dos, surtout, à l'émotion.

C'est ainsi que le "c'est vraiment  bien foutu !" qui nous fouette immédiatement l'esprit après la projection cède bien vite la place à "mais qu'est ce qu'on en a à foutre !" au regard de ce qui nous reste de ces personnages, de leurs aventures et mésaventures et du contexte dramatique où pourtant ils évoluent. Cet univers de coloriages prétendant aux sujets sérieux avec un esprit de garderie n'en finit plus de rater son but. Les mêmes écueils pointaient déjà dans les deux précédents opus de Wes Anderson même si Moonrise Kingdom n'était pas dénué d'une certaine authenticité. Il est urgent, vraiment, que le réalisateur de La Vie Aquatique remonte à la surface du réel, grandisse un peu et nous offre, pourquoi pas, un prochain film carrément crade mais avec au moins un peu d'âme.

The Grand Budapest Hotel, de Wes Wanderson (le film est sorti le 28 février)

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