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Omry

Le vendredi 20 février 2009, par Laurent Sapir

Parfum d'Orient, assaisonnement groovy, ambiance psyché... Le nouvel album de Pierrick Pédron, Omry, est un pur ovni qui va secouer sur la planète jazz...  Le Breton parkérien, le saxo dopé à mille et un standards, le drôle de loustic qui trompait bien son monde autrefois en intitulant l'un de ses albums Classical Faces,  nous signe ici un opus improbable au prime abord, mais d'une puissance mélodique et instrumentale confortée par plusieurs écoutes, avec en bonus un travail de post-production digne de ce qui se fait de plus pro au royaume de la pop...

Au départ, donc, Oum Kalsoum, " l'Astre d'Orient ", la diva du Nil, la Billie Holiday de toutes les Méditerranées, aussi populaire dans le monde arabe qu'en Israël... Ou plutôt non, au départ, Pink Floyd et ses explorations sidérales, la pop anglaise comme vivier d'une régénerescence qui peut-être extrêmement féconde lorsqu'on veut jazzer 21ème siècle sans pour autant tomber dans la fusion passe-partout... Ou alors peut-être qu'au départ, il y a encore quelqu'un d'autre, quelqu'un dont on a beaucoup parlé sur TSF au début du mois, quelqu'un qui a tout compris de l'héritage du jazz, du rock, de la pop, de la soul, du funk et peut-être même de la musique orientale...

Mais quel rythme lui est désormais étranger, à Eric Légnini, réalisateur, mixeur, et claviériste occasionnel de cet album qui porte en lui toutes les vertus d'une formidable aventure collective ? Vincent Artaud est à la basse électrique. C'est lui aussi qui va chercher et malaxer des sons d'autres galaxies pour donner à plusieurs plages de cet album des couleurs interstellaires (voir le final lunaire de Omry Part 4, par exemple, après un chorus  inouï  de Pierrick Pedron dans sa clarté et sa rapidité)...

Laurent Coq est au piano et au fender rhodes, délivrant des solos plein de délicatesse sur Osman, ou alors nettement plus soul dans Omry Part 2... Autre larron enfiévré mais au final étonnamment pudique dans ses interventions, Chris de Pauw à la guitare, véritable carte maîtresse dans les pulsations pop de l'album, jusqu'à réinventer carrément un morceau en court de route ( Enta Echams ) ... Ils sont deux batteurs, enfin, Franck Aghulon et Fabrice Moreau, pour que retentissent les canons et que pleuvent des orages au carré sur Omry...  Vu tous les soleils de l'album, ça donne évidemment pas mal d' arcs-en-ciel.

2009 verra peut-être d'autres disques moins guerriers, moins conceptualisés et avec plus de courants d'air que cette galette tellement hyper travaillée qu'on se prend parfois à lever l'oreille comme on lève les yeux sur ce que l'on admire le plus... Mais à l'image du gamin sur le ponton de mer  sur la pochette de l'album, on aurait tord de ne pas plonger, et sans bouée finalement, dans les eaux inconnues où le corsaire altiste et ses matelots ont déjà mis le cap, comme une invitation au grand large pour tous les amoureux d'une musique inventive,  sans oeillères et swinguant aux quatre vents...

Omry, Pierrik Pédron (Plus Loin Music) sortie le 25 février.

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