Direct
THINGS AIN'T WHAT THEY USED TO BE
JOE CASTRO

Living Being

Le mercredi 25 février 2015, par Laurent Sapir

L'accordéon toujours en vadrouille, Vincent Peirani n'en finit plus de franchir les jalons. Après le choc poétique Thrill Box et le tandem ludique et fraternel mené avec Emile Parisien sur Belle Epoque, le label ACT accueille le musicien dans une nouvelle configuration qui s'avère bluffante, encore une fois, en termes d'exigence, de saveurs et d'inventivité.

L'exigence, parce que chacune des plages de Living Being -titre de ce nouvel opus-parait avoir pour levier une dramaturgie minutieusement pensée qui n'enserre pas pour autant l'énergie collective du quintet ici dévoilé mais formé, en réalité, il y a quatre ans. Mathématique de la note bleue, architecture pour funambules électro voguant de Michel Portal à Jeff Buckley, charpente d'interactions où l'accordéon, tour à tour débridé, lancinant, poignant et torrentiel, s'acoquine aussi bien avec un Fender qu'avec un soprano.

Autant de trésors qu'une première et trop rapide écoute est loin d'épuiser. D'où les saveurs, les épices, les parfums. Living Being n'explose pas sous le régime de la déflagration, il infuse au travers de son aromatique arborescence. Deux suites en V, Part 4 & Part 1, pour débuter le voyage... Claviers et effets sonores conjugués, Tony Paeleman donne indiscutablement une nouvelle allure aux mélodies.

Deux autres Niçois, encore...  A la basse électrique, Julien Herné, et aux drums, Yoann Serra, déjà tellement indispensable dans le récent et master Open Me de Guillaume Perret. Le cinquième homme est une vieille connaissance. Emile Parisien n'est pas passé par le conservatoire de Nice, mais c'est une baie des anges à lui seul. Ré-harmonisant au soprano (et sur des crescendos de haute volée) les séquences les plus ambiancées du disque, il subjugue encore d'avantage au ténor dans le velouté On The Heights, peut-être la plus belle plage de l'album. Celle, aussi, où les orfèvreries "paelemaniennes", axées sur une cinématique pop dans laquelle ce pianiste excelle, confinent à l'exquis.

La fin du disque n'accuse aucune baisse de régime, à l'instar de Miniature dont le format, la mise à nu instrumentale et l'intensité mezzo voce rappellent le solo final de Choral dans Thrill Box. Et puis il y a Some Monk, festival de cascades, de collages, de ritournelles, de citations (on reconnait quelques notes de Played Twice...) aussi endiablé que le divin Thelonious et où Yoann Serra, notamment, s'en donne à coeur joie. L'inventivité, effectivement, mais en cheville avec les racines de cette musique... On attend avec impatience les prochaines explorations de Vincent Peirani et de son instrument-sortilège.

Living Being, Vincent Peirani (ACT)

Partager l'article
Les dernières actus du Jazz blog