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THE PREACHER
HORACE SILVER

Le Spaghetti Western Orchestra

Le mardi 30 septembre 2008, par Laurent Sapir

Ennio, réveille toi ! Ce sont des fous qui te réenchantent! Ils sont cinq au Café de la Danse... Cinq troubadours déglingués venus d'Australie pour honorer à leur manière les musiques d'Ennio Morricone et les ambiances de Sergio Leone...  Et tout ça dans un même fondu enchaîné car avec le Spaghetti Western Orchestra, la musique est d'abord une ambiance, et l'ambiance nourrit constamment l'orchestration musicale. Pas la peine, pour cela, de projeter des extraits de films...

Les ombres, les couleurs, et surtout d'incroyables ustensiles que n'aurait pas renié un Roland Kirk au summum de ses délires poly-instrumentaux suffisent à récréer une atmosphère de légende...  Faut-il être Australien pour retrouver ainsi, sans jamais se prendre au sérieux, l'humeur d'un saloon, la torpeur d'une prairie, les airs sifflotés, les portes qui grincent, ou encore le fameux bruit de la mouche qui taquine le silence entre deux pétarades? Ou faut-il être simplement déjanté pour ressusciter nos plus belles humeurs cinéphiles en réinventant les bruitages des films de Léone avec une simple paire de sabots, quelques bouteilles de bières, ou encore un paquet de céréales?

Ce qui est sûr, c'est que le Spaghetti Western Orchestra dispose du background idéal pour emballer le public: un vrai sens de la symphonie, une bonne dose d'avant-gardisme musical, un bon zeste de swing et le tour est joué. Le grand Ennio a d'ailleurs toujours cultivé ces trois vertus... Les joyeux drilles du Café de la Danse y ajoutent au passage un travail de déconstruction de l'univers léonien qui donne parfois le vertige.

Certes, tout n'est pas parfait dans ce tour de force: le rythme, parfois, a du mal à prendre et certaines trouvailles de nos cinq compères ont quelque peu du mal à décoller des antipodes (l'Australie, après tout, c'est carrément de l'autre côté de la Terre par rapport à la France), mais quelle joie que de réentendre comme on ne les a jamais encore entendues les B.O. de "Il était une fois dans l'Ouest", "Le Bon la Brute et le Truand", ou encore "Pour une poignée de dollars"... On en ressort gargarisé par ce qui est l'un des spectacles les plus inventifs de cette rentrée.

Le Spaghetti Western Orchestra au Café de la Danse, à Paris (jusqu'au 11 octobre)

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