Diamant brut

Nouveau portrait de la jeune fille en feu ? L'héroïne de "Diamant brut", premier film d'Agathe Riedinger, est bien plus malaisante...
Des mots viennent tout de suite à l'esprit: cagole, bimbo... et on se prend à rêver qu'ils disparaissent le plus vite possible de notre perception. On a changé d'époque, et c'est une réalisatrice, Agathe Riedinger, qui est aux manettes. Nul doute qu'elle saura filmer la vérité d'âme de Liane, 19 ans, qui rêve de devenir "influenceuse" sous le soleil de Fréjus via son passage dans une émission de téléréalité.
Peine perdue. Malgré sa caméra à l'épaule et l'énergie de sa jeune comédienne, Malou Khebizi, la cinéaste ne parvient pas à briser le mur. Fétichisée, opaque et malaisante, Liane déroule son programme de jeune fille à vif et au caractère trempé qui cache on ne sait quoi derrière ses légions de "followers", son maquillage délirant et ses opérations de chirurgie esthétique. Est-elle le nom d'une rage sociale, d'une frustration face à une mère indifférente, d'une quête existentielle parce que le quotidien, même amoureux, est trop vide ?
Tout cela à la fois probablement, même si le scénario s'effiloche dans le répétitif sans rien véritablement creuser. La distance ne fait dès lors que s'accroître, aussi bien avec le personnage principal qu'avec celles et ceux qui la jugent. On revient à cette fameuse mère absente, sauf lorsque la réalisatrice met dans sa bouche des vérités peu agréables à entendre sur l'illusion de réel créé par les réseaux sociaux. Mais de quel côté se situe Agathe Riedinger ? La mère ou la fille ?
Le soupçon de vouloir plaire à tout le monde germe peu à peu. Même la façon de faire cinéma avec ce type d'héroïne (façon Andrea Arnold ou Sean Baker...) inspire une certaine gêne tant apparaissent artificielles les quelques séquences élégiaques qui essaiment le récit sur fond de violoncelle tandis que des posts Instagram s'étalent de manière grandiloquente sur tout l'écran. Voilà que Liane se met à prier... Elle fréquente aussi des prêcheurs 2.0. Ces "inclusions", comme on dit dans le langage de la joaillerie, résument à leur manière toutes les imperfections de ce diamant brut.
Diamant brut, Agathe Riedinger, en compétition au Festival de Cannes. Sortie en salles ce mercredi.