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40 Mélodies

Le mercredi 11 novembre 2020, par Laurent Sapir
On peut avoir 40 ans sans forcément rêver des quarantièmes rugissants... Ibrahim Maalouf épure tout en douceur "40 Mélodies" qui ont fait sa légende avec son ami guitariste François Delporte. Nouveau sommet en forme d'apaisement.

Beyrouth, 1991. Il a 11 ans et la guerre est finie. La photo-pochette d'album a été prise sur le toit de la maison familiale. On devine un gamin marqué, mais aussi le très léger demi-sourire qui aura autant de raisons de s'élargir par la suite. Bref, déjà un air de conquête. D'autres photos encore dans le livret qui accompagne ces 40 ans et ces 40 Mélodies d'Ibrahim Maalouf: l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte... On dirait le générique d'Amicalement vôtre.

Ainsi le trompettiste se promène-t-il dans son ses souvenirs... et dans son répertoire, puisqu'il s'agit ici de revisiter dans une forme d'épure une ribambelle de morceaux expurgés de leur rythmique d'autrefois. Bye bye arabesques cuivrées, orchestrations enivrantes et autres envolées énergisantes. Une simple guitare grattée par le meilleur des amis, François Delporte, accompagne la trompette et la propulse dans une sorte de nirvana de sérénité qui correspond aussi à un état d'esprit. On peut avoir 40 ans sans forcément rêver des quarantièmes rugissants, surtout après une série de galères ayant entraîné une mini-traversée du désert.

Tempo à peine plus ardent lorsqu'Ibrahim Maalouf invite quelques "guests". Difficile en même temps de ne pas être excité à l'idée de  reprendre tour à tour avec Sting et Marcus Miller quelques temps forts de S3NS sans oublier ce déjanté de Jon Batiste sur Free Spirit, l'un des joyaux de Red & Black Light. Mais là encore, c'est la complicité qui prime plus que la frénésie. Sacré beau duo, également, avec M- (Matthieu Chedid) sur Shadows qu'on avait découvert dans Diasporas, son premier album, l'un des plus valorisés ici (tout comme Wind, qui restera avec le recul comme le sommet artistique du trompettiste) avec une nouvelle écorce qui le rend plus fédérateur qu'à l'époque où le disque est sorti.

Cerise sur le gâteau, trois inédits qui mûrissaient depuis longtemps dans l'escarcelle du trompettiste, et notamment ce Layla's Wedding survitaminé par la star des claquettes Sarah Reich. Même valeur d'inédits, d'une certaine manière, pour tous ces extraits de B.O. qu'Ibrahim Maalouf n'avait encore jamais rassemblés dans un seul album, à commencer par ce prodigieux Marseille aux accents balkaniques en duo avec le clarinettiste Vassilis Saleas qui a longtemps travaillé avec Vangelis. Les "tubes", eux, sont bien au rendez-vous, de Beyrut à True Sorry en passant par Will Soon Be A Woman, mais c'est bien dans ses airs les plus méconnus que ces 40 Mélodies vont enchanter une fois de plus les admirateurs d'Ibrahim Maalouf, à l'instar de l'énigmatique et cultissime L'Heure du T. exhumé d'un album avec Oxmo Puccino.

Ibrahim Maalouf, 40 Mélodies (Mi'ster Ibe)

 

 

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