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LAURENT BARDAINNE

Ibrahim Maalouf à la Cigale

Le dimanche 30 mai 2010, par Laurent Sapir

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"Beirut", bien sûr... C'est en plein milieu du concert et la Cigale est chauffée à bloc... "Allez, ça, ça va vous calmer un peu", lâche Ibrahim Maalouf... "Beirut", donc... Une mélodie bouleversante, toute en douceur acoustique... Il avait 13 ans, un casque de walkman aux oreilles, seul à Beyrouth, devant une rue fantôme dépouillée par la guerre... Il avait 13 ans, et Led Zeppelin dans le walkman... Et soudain, après sept minutes sur le fil du souvenir, un silence, une lumière qui aveugle, et la trompette qui rue heavy metal, dans un lyrisme exacerbé.

Il est ainsi, le neveu du grand écrivain Amin Maalouf : toutes les musiques qu'il aime dans une trompette à quart de ton; tous les bruits de la ville, toutes les émotions d'une vie, toutes les ondes d'un transistor qu'il peut capter en haut d'une montagne, jusqu'à en faire le morceau le plus incroyable de son dernier album... Je cherchais un titre, récemment, pour annoncer sur le site de la radio son interview dans le 20 heures de TSF... Le mot qui est venu, c'est "Kaléidoscopique!"...

A la Cigale, samedi soir, le trompettiste franco-libanais est donc venu avec son guitariste, son bassiste, son batteur (auteur d'un solo-monstre), son claviériste et surtout tous ses arcs-en-ciel... Car il n'en finit plus, Ibrahim Maalouf, de mettre du Funk dans l'Orient, de la Java dans le Jazz, du Rap dans l'Electro... Il sait rendre les sonorités de son instrument tour à tour festives, fragiles, pétaradantes, swingantes, bariolées et éternellement inventives.

Comment s'étonner dés lors qu'on ait tant envie de chanter quand une trompette pourchasse de tels horizons ? C'est lui, l'artiste, qui donne le là, essayant des choses avec son public, des mots qui ne veulent rien dire, et ça marche du tonnerre ! "Diachronism", son 2ème disque, est à ce jour la meilleure vente 2009 en rayon jazz pour un artiste français... Alors bien sûr, ce n'est pas tout à faire le genre de musique qui passe sur TSFJAZZ... Trop passeur, Ibrahim Maalouf... Trop en orbite pour que nos oreilles ne se prennent pas, inopinément, un coup de "transversale" par rapport à des repères qui nous sont chers... On ne contestera guère en revanche le côté fédérateur de son univers et encore moins l'intégrité du bonhomme... Sa Cigale en tous les cas, il l'a réussie haut la main haut les coeurs, pour le plus grand bonheur d'un public dansant et enivré par les mille et une couleurs d'une virtuosité décoiffante...

Ibrahim Maalouf à la Cigale, mai 2010.

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