Toots Thielemans - Live! - 1987

Il est baron, belge de naissance, américain de cœur, harmoniciste, asmatique chronique, guitariste, parfois siffleur, il est ami avec Quincy Jones, Benny Goodman, et Dinah Washington, et sa renommée est internationale.
Pourtant, son premier instrument était en carton. Un magnifique accordéon trafiqué par son père, tenancier, qui le voyait baver tous les soirs devant l’accordéoniste qui venait animer les soirées de l’affaire familiale. Toots Thielemans avait trois ans, et à cette époque, on l’appelait encore Jean-Baptiste.
Un accordéon en carton pour planter la graine du jazz. Un graine qui donnera, des années plus tard, quelques-unes des plus belles fleurs du genre.
A 10 ans, découvre l’harmonica sur grand écran, dans un film avec James Cagney. En sortant, il court s’en acheter un et découvre que la technique du “souffler-aspirer”, c’est très bon pour son asthme.
A 20 ans, son copain Gilbert lui lance un défi. S’il arrive à jouer un morceau de Django Reinhardt, il lui donne sa guitare. Je vous la fais courte : il a gagné la guitare. Six nouvelles cordes à son arc pour lesquelles il se passionne, et avec lesquelles il commence sa carrière de musicien de jazz.
Mais Jean-Baptiste, c’est pas très sexy. Alors à partir des années 40, ce sera Toots. Comme son idole, Toots Mondello, saxophoniste de Lionel Hampton.
A partir de là, Toots Thielemans avait tout ce qu’il lui fallait pour conquérir le jazz. Il rencontre Charlie Parker, Sidney Bechet et Louis Armstrong. Il voyage aux quatres coins du monde, et enregistre avec tout le monde (on trouve même son nom dans les crédits d’un album de Frank Sinatra). Et au bout du compte, Toots Thielemans est tellement américain qu’il finit par se voir octroyer la double nationalité.
En ce qui nous concerne, ce soir dans Jazzlive, nous avons rendez-vous avec le Toots Thielemans de 1978. Cela fait quelques années qu’il habite une jolie villa au bord de l’océan dans le Long Island, (achetée avec l’argent du jazz bien sûr). Tout le monde se l’arrache, à commencer par le pianiste Bill Evans, avec lequel il vient d’enregistrer l’album Affinity.
Impressionnant, mais pas assez pour faire oublier à Toots Thielemans d’où il vient. Il fait pas mal d’aller-retours en Europe tout au long de la décennie, dont les meilleurs moments sont compilés en 1987 sur le label Polydor.
Un Jazzlive pour toutes celles et ceux qui disent que l’harmonica n’est pas un vrai instrument…
Toots Thielemans, Live! (1987 - Polydor)
Toots Thielemans - harmonica, guitare
Wim Overgaauw, Joop Scholten - guitare
Rob Franken - piano électrique
Victor Kaihatu, Bob Langereis, Niels-Henning Ørsted Pedersen - contrebasse
Cees Schrama - percussions
Evert Overweg, Bruno Castellucci - batterie