Direct
AT LAST
ETTA JAMES

The Search

Le mardi 11 novembre 2014, par Laurent Sapir

La politique de la terre brûlée vient d'envahir la filmographie de Michel Hazanavicius. Sur le sol tchétchène doublement dévasté par les expéditions barbares de Eltsine et Poutine, il ne reste plus rien des clowneries de l'agent OSS 117 et des numéros de claquettes de Jean Dujardin dans The Artist. Plus rien, si ce n'est un cinéma à la fois militant et populaire réduit en charpie au dernier festival de Cannes.

Trop de succès, trop d'Oscar pour le Frenchie qui a cassé la baraque à Hollywood jusqu'à susciter bien des jalousies ? On est bien en peine, après coup, d'expliquer les sifflets qui ont fusé au printemps alors que The Search porte à l'écran une émotion à nu et un type d'engagement bien trop rare dans le cinéma français à gros budget. Les yeux d'un gamin, tout d'abord... Ressuscité, Le Kid de Charlie Chaplin ! Il s'appelle à présent Abdul-Khalim Mamatsuiev et cette graine d'acteur nous bouleverse d'entrée de jeu.

Après avoir vu ses parents tués par des soldats russes, l'orphelin débarque dans l'appart' d'une chargée de mission pour l'Union Européenne interprétée par Bérénice Bejo. Au départ, la fonctionnaire est un peu maladroite (l'actrice aussi, d'ailleurs...) avec l'enfant qui ne décroche pas un mot. Elle veut le faire gigoter sur les Bee Gees alors que lui préfère écouter le Melocoton de Colette Magny...

Ceci étant, il danse comme un dieu, le petit Tchétchène, lorsqu'il se retrouve seul dans la maison. Deux autres destins en parallèle... Celui de la grande soeur de l'enfant, qui recherche son frère dans les camps de réfugiés jusqu'à servir elle-même d'auxiliaire lorsqu'il s'agit de réapprendre le sourire à de jeunes traumatisés, et puis ce jeune apprenti-soldat russe, Kolia, incorporé de force suite à des ennuis avec la police et inlassablement bizuté avant de se transformer en parfait soudard dans les décombres de Grozny.

Même si l'inventivité stylistique n'est pas tout à fait au rendez-vous, cet itinéraire du jeune militaire est incontestablement la partie la plus impressionnante du film. Sans chichis et avec un sens de l'exécution que facilite peut-être l'amputation d'un gros quart d'heure par rapport au montage initial, Michel Hazanavicus donne à voir le mode d'emploi d'une fabrique de monstres. Lorsqu'il en filme les victimes, ce sont alors ses qualités de coeur qui crèvent l'écran.

The Search, Michel Hazanavicius (Sortie en salles le 26 novembre)

Partager l'article
Les dernières actus du Jazz blog