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MICHAEL BRECKER

Real

Le mercredi 19 mars 2014, par Laurent Sapir

Moins épique que chez son illustre homonyme, l'univers du Japonais Kiyoshi Kurosawa n'en cultive pas moins une même sensibilité aux climats et aux paysages, qu'ils soient naturels ou urbains. A contrario de l'autre Kurosawa, en revanche, celui-là marque son territoire sur un mode plus feutré. La douceur du propos est cependant trompeuse, comme en témoigne le dinosaure qui, tel le monstre du Loch Ness, finit par émerger dans cette romance nipponne.

On est pourtant bien loin de cette apparition extravagante au départ de ce film couleur manga qui voit le jeune cobaye d'une expérience scientifique pénétrer dans l'inconscient de sa compagne pour tenter de la ramener à la vie. Dessinatrice de profession, elle a été plongée dans le coma suite à une tentative de suicide. Le postulat SF fait évidemment penser à Inception, mais en moins touffu et en plus fantasmagorique. Surgissent ainsi des fantômes, des êtres à la normalité bien trouble, ou encore des personnages eux-mêmes échappés des dessins de la comateuse... Le programme de "réanimation" n'a pas l'air de bien fonctionner.

C'est en plein milieu du récit que Kiyoshi Kurosawa nous éclaire brutalement sur la nature du malaise. Le spectateur est alors transporté sur une île des souvenirs enfouis où notre fameux dinosaure finira pas se faire une vraie place au soleil. C'est peut-être parce que l'ensemble est mené sur un rythme indolent et avec peu de moyens que la naïveté du propos parasite notre attention. On n'en est pas moins séduit par les audaces de la mise en scène, les dérèglements qu'elle instille et le charme singulier, façon haïku, de cette odyssée amoureuse au pays du Soleil Levant.

Real, de Kiyoshi Kurosawa (Sortie le 26 mars)

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