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Parasite

Le mardi 04 juin 2019, par Laurent Sapir
Une horlogerie imparable, un alliage bluffant de tendresse et de férocité, des plans à se damner... La palme d'or 2019 restera dans les mémoires. "Parasite", de Bong Joon-ho, sort ce mercredi en salles.

Ne cherchez pas trop la petite bête avec le Parasite de Bong Joon-ho, vous ne trouverez aucune faille. Ce film est une machine infernale, une horlogerie imparable. Pas étonnant que l'une de ses répliques cultes soit :"Dans le sens des aiguilles d'une montre"... Timing parfait au demeurant: palme d'or en mai, sortie en salles le mois suivant.

L'écran, d'emblée, est investi par une smala d'arnaqueurs pétris d'humanité, un peu comme dans Une Affaire de famille, palmé l'an passé, mais en beaucoup moins niais. Si les deux films éclairent les inégalités les plus crues dans ces pays d'Asie où prévaut un seul modèle économique, il s'avère que les "gueux" du Sud-Coréen Bong Joon-ho ont bien plus d'imagination. Surtout dans la façon dont ils infiltrent une luxueuse villa en se faisant recommander comme domestique, chauffeur ou professeur particulier.

Ce premier tiers du récit déploie tous les atouts d'une comédie corrosive qui nous éloigne autant de l'abondance chromatique de Snowpiercer que du décevant Okja en mode Disney diffusé par Netflix il y a deux ans. Pour son retour en Corée du Sud, Bong Joon-ho a d'abord privilégié un alliage bluffant de férocité et de tendresse. Aucun manichéisme social, cependant, ne serait-ce qu'au travers du regard porté sur la maîtresse de maison, cette jolie Mme Park désarmante de névrose et d'empathie. Ce qui n'exclut pas de savoureux dialogues sur le thème "salauds de pauvres !".

De fait, la malice prime sur le pamphlet, à l'instar d'une mise en scène gorgée de jubilation lorsqu'elle explore les arcanes de la villa jusqu'à en faire ressortir des soubassements plus inquiétants. Entamé dans de sordides entresols où croupissent les personnages principaux, le propos transporte alors le spectateur vers une autre verticalité, notamment lorsque vernis satirique du film se fait "parasiter", si on peut dire, par une tonalité thriller, voire fantastique.

Une ex-gouvernante surgit. Elle imite à la perfection le Nord-Coréen Kim Jong-un. Des odeurs incommodent, des égouts débordent... Bunuel et Chabrol auraient-ils le dernier mot ? Pas si sûr, alors que la toute dernière séquence est bouleversante de chaleur humaine.

Parasite, Bong Joon-ho, Palme d'or du Festival de Cannes (Sortie en salles ce 5 juin)

 

 

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