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COURT AND SPARK
NORAH JONES

Une Affaire de famille

Le mercredi 12 décembre 2018, par Laurent Sapir

Bien au chaud, chez lui, au festival de Cannes où il a pris un abonnement à la carte, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda a reçu la palme d'or pour Une affaire de famille. Pas sûr que dans les frimas de décembre l'accueil du public soit aussi chaleureux. À moins de raffoler des bons sentiments, des émotions forcées et autres joliesses d'écriture dont s'est visiblement gargarisé cette année -on l'a vu avec Cold War- le jury présidé par Cate Blanchett.

Familles recomposées, je vous aime ! Entre deux menus larcins, une smala de marginaux tokyoïtes recueille une petite fille abandonnée. À l'intérieur d'un bungalow de fortune que le réalisateur se plait à transformer en caverne d'Ali Baba, des généalogies bringuebalantes forment un cocon salvateur, jusqu'au moment où tout ce beau et tendre monde est rattrapé par une cruelle réalité sociale.

Fignolé tout en élégance et en indolence, Une affaire de famille flirte rapidement avec les clichés, la niaiserie et l'ennui, à l'instar de ce personnage mille fois vu de grand-mère bougonne et affective. Les jeux de miroirs qu'offrent les autres silhouettes (et notamment la tentative de séduction d'un père envers son fils de substitution..) ne passionnent guère d'avantage. Quant à la fameuse séquence de la plage censée incarner un climax de grâce et de pureté, elle n'a comme seule vertu que de nous annoncer enfin la dernière ligne droite d'un propos dont Kore-eda a délayé jusque là toutes les aspérités potentielles, préférant le picaresque à un regard réellement clinique.

Tel père, tel fils, présenté en 2013, nous invitait déjà à mesurer à quel point ce réalisateur est surestimé. Questionnant encore une fois les filiations ambigües, Kore-eda associait une mise en scène gorgée de délicatesse à un discours sociologique tracé au gros feutre. La Vie est un long fleuve tranquille, à côté, c'était carrément du Émile Durkheim !

Une affaire de famille, de Hirokazu Kore-eda, palme d'or Cannes 2018 (sortie en salles ce mercredi)

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