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THE COST OF LIVING
CHRIS MINH DOKY

Night Lights

Le samedi 21 mars 2009, par Laurent Sapir

" Elle boit... systématiquement... pour oublier les amis de son homme""...  Elle, c'est Susie Arioli, alias " Mademoiselle Swing " -c'est son surnom au Québec-  et quand on l'entend reprendre au féminin singulier le célèbre morceau de Boris Vian, on n'a pas seulement envie de saluer l'audace et l'absence de complexes par rapport à ce qu'on pourrait appeler trivialement une chanson de mecs... Elle lui donne une autre ivresse, Susie Arioli, à la chanson de Boris Vian... On est un peu moins dans le narquois, un peu plus dans le désenchanté...

Et c'est avec la même sincérité qu'elle s'empare, dans son 5ème album, "Night Lights", du grand songbook américain à travers les indémodables "Blue Skies", "How Deep is the Ocean", ou encore "Out of Nowhere", qui passe déjà depuis quelques semaines sur TSF... Cela fait plus de dix ans à présent qu'elle s'est forgée son style, Susie Arioli... Les trémolos, les vibratos, les étirements  éthérés, elle laisse ça à d'autres... Il y a chez elle, dans son look bohème, dans la suavité de son timbre, une sorte de rébellion intime face au glamour le plus éculé...

C'est l'anti Céline Dion, la "mademoiselle Swing "du Québec... Elle est tellement plus naturelle, tellement plus cool, tellement plus radieuse aussi, comme au temps de "L'Ours qui fume", le club de la rue St-Denis, à Montréal, où elle a fait ses débuts il y a une quinzaine d'années... Avec "Night Lights", Susie Arioli nous confirme à vrai dire à quel point elle reste fâchée avec le tortueux, la dissonance et le pompeux. Au côté de  son complice de toujours, le guitariste Jordan Officer, ainsi qu'un nouveau venu, le contrebassiste Bill Gossage,  elle nous livre un jazz de coeur aux accents parfois "vintage ", et avec surtout beaucoup de simplicité et d'élégance...

On n'oubliera pas de sitôt les accents hispanisants de "Big Hurt", un ancien succès pop de la fin des années 50 que Wes Montgomery avait déjà repris dans "Tequila"... Et puis il y a la chanson-titre de l'album, que Gerry Mulligan avait déjà magnifiée dans l'un de ses plus beaux disques, également intitulé "Night Lights", rebaptisé ici, toujours sans complexes,  "Lumière de nuit", avec des paroles en français, comme Susie Arioli l'avait déjà fait il y a quelques années avec "Nuages", de Django Reinhardt... Encore une fois, c'est gonflé, poignant, pertinent, et complètement au diapason d'une chanteuse qui sait d'abord être elle-même en puisant dans le meilleur des autres.

Night Lights, Susie Arioli, sortie le 26 mars (Label Spectra)... Concerts au Sunset, à Paris, les 14,15 et 16 avril 

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