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La disparition de Stephanie Mailer

Le mercredi 07 mars 2018, par Laurent Sapir

Le titre donne déjà envie... La disparition de Stephanie Mailer, cela sonne bien mieux que Le Livre des Baltimore, odyssée larmoyante qui nous avait fait craindre le pire pour Joël Dicker, ce surdoué du best-seller genevois qui a connu le succès que l'on sait avec La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Qu'est-il arrivé à Stéphanie Mailer? Qu'a-t-elle découvert? Et surtout: que s'est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea, petite station cossue des Hamptons, au bord de l'océan, dans l'État de New-York?

Renouant avec le thriller-Cluedo, le jeune auteur suisse excelle une nouvelle fois à démasquer les mensonges et autres vices cachés d'une certaine middle class américaine au travers d'un quadruple meurtre survenu en marge d'un festival de théâtre. Une enquête en deux temps, en fait, puisqu'elle est relancée 20 ans plus tard par la disparition d'une journaliste qui était sur le point de démasquer le ou la véritable auteur(e) du carnage.

Une chasse au coupable menée à quelques décennies d'intervalle, une trame mêlant fait divers et entreprise artistique (l'écriture d'un livre dans Harry Québert, la mise en scène d'une pièce ici)... On identifie aisément des paramètres chers à Joël Dicker. Prendre pour décor un festival de théâtre décuple en tout cas son pouvoir de prestidigitateur. Alternant côté cour et côté jardin (alors que la vérité est devant nos yeux !), il se paye même le luxe de créer des personnages qui, dans leur outrance même, relèveraient presque d'une sorte de commedia dell'arte, à l'image de ce flic illuminé se prenant pour Shakespeare ou encore du critique condescendant qui descend de son piédestal.

Mais au-delà de cette touche baroque, c'est surtout l'avidité romanesque du propos qui emporte l'adhésion. Centré sur un "serial killer" qui, en vérité, n'a rien d'un psychopathe -il tue surtout pour qu'on ne retrouve pas sa trace- La Disparition de Stephanie Mailer foisonne de destins et de personnages qui rattachent plus son auteur à la tradition du roman choral qu'à celle du polar nerveux... Ce qui n'empêche pas ce récit de nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page.

La Disparition de Stephanie Mailer, Joël Dicker (Éditions de Fallois). Coup de projecteur avec l'auteur, vendredi 9 mars, sur TSFJAZZ (13h30)

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