Direct
CORCOVADO
BLOSSOM DEARIE

Jusqu'à l'impensable

Le jeudi 06 avril 2017, par Laurent Sapir

Réintégré, suspendu, mis à la retraite... et à nouveau reprenant du service ! Harry Bosch est décidément un sacré bout de scotch dans l'univers de Michael Connelly. Tant mieux. D'avantage patiné par le temps et la contingence de ce qui l'entoure (cette vieille Harley qu'il restaure au début du récit, comme s'il essayait d'oublier le fardeau de l'inactivité...), le célèbre inspecteur de Los Angeles gagne en épaisseur et en empathie. Surtout lorsqu'il accepte de passer de l'autre côté du miroir.

C'est son demi-frère avocat, le toujours très roublard Mickey Haller, qui l'attrape au vol pour contribuer à innocenter son dernier client, un black accusé d'avoir sauvagement assassiné l'épouse d'un flic. Un ex du LAPD faisant cause commune avec un avocat ? Au départ, Bosch s'y refuse. Pour lui, c'est comme passer du côté des ténèbres. "Tu sais comment on appelle un mec qui passe du côté de la défense aux Homicides ? On appelle ça un 'Jane Fonda'. C'est comme quelqu'un qui aurait traîné avec les Nord-Vietnamiens. Tu comprends ?".

Il est pourtant très bon, Harry Bosch, dans le rôle de Jane Fonda. Étudiant scrupuleusement le murder book qui résume l'enquête déjà effectuée, il repère dans les photos une légère décoloration sur le poignet gauche de la victime. Une montre manque à l'appel. Aucun de ses ex-collègues ne s'y est apparemment intéressé... Il y a, certes, cette signature ADN accablante pour le suspect, mais on sait ce que Connelly pense de ce type de preuves depuis Volte-face où le duo Bosch/Haller était déjà en piste, cette fois-ci du côté de l'accusation.

Deux autres flics de L.A, bien "ripous" comme il faut, contribuent à rendre cette nouvelle enquête aussi passionnante que les précédentes. Le jazz est lui aussi au rendez-vous, et les goûts d'Harry Bosch en la matière nous sont de plus en plus précieux. Surtout lorsqu'il se met à écouter Kamasi Washington et qu'un morceau de Wynton Marsalis, d'une certaine manière, lui permet d'avoir la vie sauve.

Jusqu'à l'impensable, Michael Connelly (Calmann-Lévy)

Partager l'article
Les dernières actus du Jazz blog