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RANDY BRECKER

Entre les murs

Le mercredi 10 septembre 2008, par Laurent Sapir

J'aurais du m'en douter, avec un tel titre... Au bout de même pas une demi-heure d' "Entre les murs", de Laurent Cantet, je blêmis, suffoque, claustrophobise à vitesse grand V... Je n'attends plus qu'une seule chose: la sonnerie ! la récré !! Je n'en peux plus, de ce cours, et surtout de ce prof de français incarné par François Bégaudeau, qui joue son propre rôle. Il est trop bonne pâte, ce prof... trop cool, trop tendance, jusque dans ces maladresses, et je ne sais pas pourquoi, mais ça me soûle à fond les manettes, ce côté "Je suis un super-héros, quand même, même si je ne veux pas le laisser paraître"...

J'essaie de comprendre cette Palme d'or reçue par le film à Cannes. Peut-être que l'ami américain, (je veux parler de Sean Penn, le président du jury), il pensait jusqu' à présent que la France c'était la baguette, le vin, et le refus de la guerre en Irak. Et le voilà, notre ami américain, sidéré par ce nouvel emblème de l'hexagone tel qu'il se l'imagine, à savoir le collège melting pot, gravement plombé sur le plan social, mais avec heureusement des profs spirituels et à la gueule sympa comme Bégaudeau... Ça lui change les idées, à Sean Penn, ce genre de films sur l'école, lui qui en était resté au "Cercle des Poètes disparus".... Allez, tiens, Laurent Cantet! Voilà une belle palme (d'académie) pour ton travail "en prise avec le réel"... Merci surtout pour m'avoir conforté dans la vision de la France que j'avais déjà avant de voir ton film!

Le problème, c'est que vu d'ici, "Entre les murs" n'a rien de bien novateur. On les a déjà vues mille fois, ces scènes de classe avec le prof au milieu d'élèves pétillant de personnalité mais en même temps brimés par le système. On en n'en peut plus, surtout, de tous ces appâts aux bons sentiments lâchés par le tandem Cantet/Bégaudeau tout au long du film... Les morceaux de bravoure, à force, ça donne à l'ensemble un vrai côté démago.

Dans "L'Esquive", et surtout "La Graine et le Mulet", Abdelatif Kechiche travaillait lui aussi les "bons sentiments", mais il le faisait sur le mode du forage. Sur le papier, il partait de rien, et puis, sur la durée, il creusait sans cesse chaque séquence, jusqu'à en extraire toute la charge émotionnelle, jusqu'à plus soif. Avec "Entre les murs", on n'est pas dans le forage. On est au contraire confronté à une mise en scène plane, en surface, calquée sur à peu près tous les paramètres désormais convenus d'une tradition documentaire un peu trop gnan-gnan... Un peu trop Thema version Arte... Un peu trop scolaire, aussi, dans tous les sens du terme...

Entre les murs, de Laurent Cantet (Sortie en salles le 24 septembre)

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