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HORACE SILVER

Dark Waters

Le jeudi 27 février 2020, par Laurent Sapir
Avec "Dark Waters", Todd Haynes n'y va pas avec le dos de la poêle en téflon pour fustiger les crimes écologiques du géant chimique américain DuPont... La charge est aussi féroce que convenue.

On espérait un nouveau Promised Land, ce film faussement mineur dans l'œuvre de Gus Van Sant qui le voyait temporairement abandonner ses élégies ténébreuses pour déclarer la guerre au gaz de schiste. Surprenant détour politico-écolo, à l'époque, mais avec toujours cette touche bluesy et tamisée qui emportait le morceau. Todd Haynes part de plus bas. Alors que sa pâlichonne Carol et son désuet Musée des Merveilles ont fait prendre un triste coup de vieux aux promesses de Loin du Paradis et I'm not there, son réquisitoire en règle contre les pratiques du géant de la chimie DuPont le hisse tout juste au-dessus de la moyenne.

Il y avait pourtant matière à un grand film. Des troupeaux énervés, puis décimés au fin fond de la Virginie, des hommes qui ne sont guère en meilleure santé... Bienvenue à Apocalypse Téflon, ce produit aussi mémorable que la postérité de certaines poêles à frire, même si pendant des années on ignorait son caractère cancérigène. Enterrés à haute dose dans des fûts qui jouxtent les ruisseaux et autres sources d'eaux potables, ses résidus de fabrication deviennent bientôt synonymes de crime écologique et sanitaire dont un avocat vaillamment incarné par Mark Ruffalo va dévoiler les rouages.

Première partie captivante. Les tons grisâtres et apocalyptiques auxquels a recours la mise en scène lorsqu'il s'agit de filmer les zones contaminées font écho à l'inconfort croissant du personnage principal qui remet peu à peu en question son milieu (d'affaires) d'origine lorsqu'il en découvre la profonde toxicité, dans tous les sens du terme. Le canevas du film-dossier rattrape malheureusement Todd Haynes. Joutes oratoires, enchaînement des preuves, procès et pauses familiales... Tout cela est carré, efficace, mais convenu. Surtout lorsqu'un cadre de plus en plus urbain dénude le film de ses premières noirceurs rurales. David, heureusement, aura raison du méchant et pollueur Goliath capitaliste. Dans le même genre de match, on a connu des déroulés moins laborieux.

Dark Waters, Todd Haynes (Le film est sorti hier)

 

 

 

 

 

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