Conclave
La mauvaise foi règne-t-elle à ce point en maître dans ce conclave chargé d'élire un nouveau pape? Voilà en tout cas un thriller virtuose qui ménage son lot de surprises...
Fumée noire ou fumée blanche ? Inspiré d'un best-seller éponyme de Robert Harris, Conclave mijote à point jusqu'à l'élection d'un nouveau pape. D'ici là, on n'est pas au bout de nos surprises, à commencer par le décès pas très catholique, semble-t-il, de l'ancien titulaire de la charge. À cela s'ajoutent l'effraction d'une chambre funéraire pourtant mise sous scellés, des attentats terroristes, sans oublier l'étrange présence d'un Latino dont il nous est précisé qu'il a été nommé archevêque de Kaboul...
C'est à l'Allemand Edward Berger, candidat surprise l'an passé à l'Oscar du meilleur film avec À l'Ouest, rien de nouveau (il remportera finalement le trophée du meilleur long-métrage étranger), qu'on doit ce thriller pontifical aux accents furieusement laïcs. Trop tops, ces cardinaux qui s'adonnent à une pause cigarette entre deux tours de scrutin, surtout quand l'un d'eux, à qui on propose d'utiliser des documents volés pour discréditer un rival, se demande s'il ne va pas devenir le "Richard Nixon des papes ", selon ses propres termes.
La brochette en tout cas est variée: réacs ou progressistes, arrogants ou fragiles, manœuvriers en diable ou au contraire doutant même de leur foi, la joute à laquelle se livrent ces hommes d'église est également traversée par des enjeux contemporains, notamment lorsque survient la possibilité d'élire un pape africain. Tout aussi évocateurs, le dénouement final et l'expression inénarrable à ce moment-là de Ralph Fiennes, qui campe le cardinal chargé de diriger le conclave.
En Sœur Agnès, présence féminine aussi discrète que déterminante dans le déroulé de l'intrigue, Isabella Rossellini fait aussi forte impression, tout comme la B.O. avec ses instruments à cordes qui font monter la tension. Une mise en scène ciselée accompagne le récit. Elle exploite savamment l'atmosphère et les géométries vaticanes, varie habilement les angles et veille à ne jamais filmer de la même manière chaque tour de scrutin. D'un strict point de vue cinématographique, en somme, ce Conclave mérite bien une fumée blanche.
Conclave, Edward Berger (sortie en salle ce mercredi 4 décembre)