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Come What May

Le vendredi 05 avril 2019, par Laurent Sapir
Bluffantes d'empathie et de frénésie, les retrouvailles du saxophoniste Joshua Redman avec son ancien quartet sont propices à l'un de ses albums les plus accomplis.

Crédits photo: Nonesuch

Le titre du disque en résume le programme, et il nous va à ravir. Du jazz coûte que coûte, quoiqu'il arrive, come what may... En retrouvant les trois mousquetaires d'un quartet vierge de tout enregistrement depuis une bonne vingtaine d'années (même s'il a continué à faire la route avec chacun d'entre eux...) Joshua Redman livre un album dont la contingence vaut frénésie. Aucune bataille de Jéricho en vue, même lorsqu'on se prénomme Joshua. Juste le plaisir d'être ensemble et d'envoyer du bois dans une sorte d'aquoibonisme immunisé contre toute menace de rouille.

50 balais, ça repose. Polyvalent en diable, le fils de Dewey Redman, légendaire compagnon d'armes d'Ornette Coleman, a multiplié depuis ses débuts formats et configurations. De quoi tutoyer les sommets, aussi bien du côté de Brad Mehdau et de ses écrins ciselés (Walking Shadows, 2013) qu'au sein du collectif James Farm (2011) avec ses virées printanières dans les contrées pop. Come What May adopte un visage plus classique mais pas moins jouissif dans un condensé de sept titres d'égale intensité.

Aaron Goldberg au piano, Reuben Rogers à la contrebasse et Gregory Hutchinson aux drums restent les compagnons parfaits pour une telle aventure. Le premier prend la relève de son leader avec une densité narrative indéniable et beaucoup de fluidité dans son toucher. Le second illumine le morceau-éponyme de l'album d'un solo de toute beauté. Les caisses claires et le tapis rythmique façonné par Hutchinson, enfin, donnent à l'ensemble une cadence qui fait qu'on ne voit jamais le temps passer.

Le son de sax de Joshua Redman, quant à lui, subjugue par son phrasé incisif, chaud et boisé. Taillée dans la haie sur le saccadé How We Do, toute en impétuosité, en éclairs et en jaillissements dans le trop bien charpenté Circle of Life, groovy et bluesy au rythme de Stagger Bear, la frappe "redmanienne" sait aussi se sublimer en fièvre lyrique et mélancolique au travers du morceau final, Vast. Comme quoi la "cooltitude" suprême n'est pas exempte d'une sensibilité d'exception.

Come What May, Joshua Redman (Nonesuch Records)

 

 

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Joshua Redman

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