Charles Mingus Live at Antibes - 1960
Le monde entier ne parle que de ça, alors pourquoi pas nous ? Au moment où nous parlons, les États-Unis, terre de jazz entre autres spécialités, scellent leur destin politique pour les quatre prochaines années. Décalage horaire oblige, nous serons certainement en train de dormir au moment de l’annonce des résultats.
Il nous reste donc juste ce qu’il faut de temps pour rêver un peu.
Il y a 60 ans tout pile, le trompettiste Dizzy Gillespie a eu une idée folle. Une idée à la Coluche, même s’il l’a eu avant : présenter sa candidature à la présidence des Etats-Unis. Franchement, Dizzy président, ça aurait eu de la gueule non ?
Il l’annonçait en grande pompe devant une foule de 10 000 personnes, sur la scène du Monterey Jazz Festival, avec un morceau de circonstance : Vote Dizzy! chanté par Jon Hendricks.
Le but de la manœuvre ? Alerter sur la question des droits civiques, au lendemain de l’assassinat de 4 jeunes filles noires dans une église de Birmingham. Une affaire sordide revendiquée par le KKK. L’affaire de trop pour le trompettiste.
Qui dit candidature, dit gouvernement. Et vous allez voir, Dizzy Gillespie avait tout prévu : Duke Ellington secrétaire d’État, Miles Davis directeur de la CIA, Max Roach au ministère de la défense, Charles Mingus au ministère de la paix, Ray Charles chargé de la bibliothèque du congrès, Mary Lou Williams ambassadrice du Vatican, Thelonious Monk ambassadeur plénipotentiaire, et enfin, Jon Hendricks, auteur et interprète de l’hymne de la campagne.
Et comme un souffle de paix ne peut pas faire de mal dans ce monde cruel et agité, c’est avec Charles Mingus que nous passerons le Jazzlive de ce soir.
En 1960, notre homme d’État était dans le Sud de la France. A Antibes très précisément, pour le festival de Juan-les-Pins. A ses côtés pour le voyage : Ted Curson à la trompette, Eric Dolphy au saxophone alto et clarinette basse, Booker Ervin pour le ténor et Dannie Richmond derrière la batterie. Charles Mingus à la contrebasse et à la composition…