Zoot Sims at the Great American Music Hall - 1978

En tant que petit dernier d’une grande famille de comédiens de vaudeville, Zoot Sims a dû se contenter du dernier instrument qu’il restait de libre à la maison : une “clarinette tordue”, comme il aimait le raconter. Et en tant que petit dernier, c’est en fouillant dans la discothèque de son grand frère qu’il a découvert le jazz. Un grand frère qui devait en avoir marre de le trouver du matin au soir en train d’écouter en boucle les enregistrements de Ben Webster et Lester Young.
C’est à Los Angeles, sur les scènes de la Central Avenue qu’il décide d’aller cultiver son style. Et autant vous dire que ça pousse bien. Très bien même. Tellement bien que Benny Goodman, star incontestée de la clarinette, l’embauche immédiatement dans son orchestre.
Et ça, c’est que le début. L’étape d’après, c’est d’intégrer la section de saxophones de Second Herd de Woody Herman. A côté de lui : Stan Getz, Herbie Steward et Serge Chaloff. The Four Brothers comme on les appelait alors depuis que Jimmy Giuffre en personne avait composé un morceau sur eux.
Après ça, petit passage à vide. De retour en Californie, loin des orchestres, Zoot Sims se fait peintre en bâtiment. En tout cas jusqu’à ce que Gerry Mulligan ne vienne le chercher, lui retire ses pinceaux des mains, y remette un saxophone, et un carton d’invitation pour venir compléter son célèbre quartet sans piano. Un sauvetage réussi de la part du ténor, puisque le succès de cette formation poussera Zoot Sims à se relancer en leader. Les années 50 voient alors fleurir bon nombre d’albums à son nom. A son tour, il ira chercher un de ses vieux copains, le ténor Al Cohn, avec qui il formera le duo le plus fructueux de sa carrière.
Ça saute aux yeux, Zoot Sims n’est pas du genre à se reposer sur les lauriers. Au contraire, il est plutôt du genre à les arroser, voir à y mettre un peu d'engrais pour les faire pousser le plus haut possible. D’année en année, son jeu évolue, son répertoire s’enrichit, notamment grâce à sa rencontre avec le pianiste Jimmy Rowles au début des années 70.
C’est à ce moment précis qu’on retrouve le musicien ce soir dans Jazzlive. En 1978, Zoot Sims se produit en quartet sur la scène du Great American Music Hall de San Francisco. A ses côtés : Bob Cranshaw à la contrebasse, Mousey Alexander à la batterie et Jimmy Rowles derrière le piano. L’album, publié dans la foulée sur le label Jazz Time, porte un titre qui fleure bon l’amitié : “Zoot Sims & Jimmy Rowles”...