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TSFJAZZ à New-York pour le Winter JazzFest...

Le vendredi 17 janvier 2014, par Laurent Sapir

Revenir de New-York demande un certain effort. Au moment de se poser, ce mercredi, vers 10h30, notre avion remet furieusement les gaz à quelques 300 mètres du sol. Il va tourner en l'air et en rond, pendant une dizaine de minutes, avant de trouver la visibilité suffisante pour atterrir. Drôle de coda à cette intense, vivifiante et mythique semaine dédiée à la couverture du New York Winter Jazz Festival.

Intense comme le marathon des interviews et des traductions menées de main de maître (rigueur, sourire, décontraction...) par mes deux collègues de l'animation, Jean-Charles Doukhan et Caroline Fontanieu, avec notre Latex national à la réalisation. Trois heures d'antenne en direct, pendant cinq jours, dans le le Showroom de Buffet Group du côté de la 36e Rue... Au milieu des instruments collés au mur, des légendes viennent au micro, comme Dr Lonnie Smith, ou encore des musiciens en plein devenir et gorgés d'humanité tels le trompettiste JD Allen et le pianiste Kris Bowers... Vivifiant comme les -6 degrés à notre arrivée, même si du fameux Polar Vortex qui frigorifia Big Apple pendant quelques jours nous n'aurons vu que la queue de comète.

Bien suffisant en tout cas pour se lancer sans prendre d'élan à l'assaut de l'info made in New-York, le micro tendu aux premiers témoignages "climatiques" de Français présents sur place avant d'aller faire un tour au Bronx pour y traquer une vie culturelle qui ne ressemble évidemment pas à celle de Manhattan. C'est trop éclatant de découvrir la ville ainsi, enchaînant les interviews comme on le fait à Paris sauf qu'ON EST A NEW YORK !!!!  On se sera également offert le grand détour à Corona, au Queens, pour visiter l'ancienne maison de Louis Armstrong. On aura aussi constaté qu'à New-York, contrairement à Paris, on peut interviewer des universitaires et des politologues le dimanche.

Intense, vivifiant et mythique, donc... Mythique comme une ville qui jazze jour et nuit entre les gratte-ciels. Ambiance jam dans le légendaire Town Hall où Jason Moran, Robert Glasper et le chanteur Bilal virevoltent tout en cooltitude autour des 75 bougies du label Blue Note. Fiesta d'enfer au club Le Poisson Rouge avec le Revive Big Band. Au même endroit, le lendemain, le trompettiste Roy Hargrove surgit tel un ange noir, et avec cette élégance destroy qui le caractérise de plus en plus. Au moment de conclure, les musiciens de son quintet s'en vont un à un. Ne reste plus, bientôt, que le batteur dont le tempo se ralentit, peu à peu, jusqu'au silence final. Comme pour mieux signifier qu'ici, le jazz est d'abord une pulsation.

Parfois, on a du mal à suivre. Cinq clubs à sillonner en une même soirée, cinq artistes dans chaque club... On ne sait plus où donner de l'oreille. L'oreille doit aussi écouter l'estomac. Il crie famine. Il voudrait bien tenter la fameuse assiette de ribs au Jazz Standard (Le Duc des Lombards new-yorkais. Aussi chic mais en beaucoup plus grand...) tout en écoutant le guitariste Kurt Rosenwinkel. Et puis ça repart, ça re-picore d'un club à l'autre. Parfois, on a l'impression que tous les chemins mènent au Poisson Rouge, surtout quand Donald Harrison y ressuscite l'ambiance Congo Square.

Des musiciens français ont également fait le voyage, à la grande surprise du Wall Street Journal qui découvre, à la faveur de la soirée Jazz French Quarter dans un Smalls plein à craquer, que la note bleue-blanc-rouge se résume à tout sauf à des Français en béret jouant de l'accordéon avec des baguettes sous les bras. La preuve avec Eric Legnini qui déchire tout au côté de l'immense Jeff Ballard à la batterie. La re-preuve au miroir de Thomas Enhco, époustouflant de lyrisme, de jeunesse et de sensibilité avec sa coupe à la Berlioz. Son jeu de piano nous rappelle que le jazz, même à New-York, peut aussi donner lieu à une forme de récital.

Dernier jour. Au micro de TSFJAZZ, notre directeur d'antenne, Sébastien Vidal, parle d'une ville qui donne la niaque et Jean-Charles Doukhan conclut par "A l'année prochaine!"... Une église protestante se hisse fièrement sur la 5e avenue devant l'Empire State Building dont le sommet est caché par le brouillard. Près du pont de Queensboro, je repère un banc qui aurait pu être celui où Woody  Allen et Diane Keaton roucoulaient sur l'affiche de Manhattan. C'est la même vue en tout cas... Dans le métro, un Black joue du saxophone. Toujours sur le quai quelques jours plus tôt, un autre musicos, sans doute originaire de Trinidad, jouait du steeldrum sur l'air de My Favorite Thing...

TSFJAZZ au New-York Winter Jazz Festival (8 janvier-14 janvier 2014)

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