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To Rome with Love

Le lundi 09 juillet 2012, par Laurent Sapir

On les a évidemment à l'esprit, les quelques turbulences dans l'avion depuis que Woody Allen a entrepris sa tournée des capitales étrangères. "Le problème, ce n'est pas les capitales, c'est les capitaux", lâchait même, il y a quelques mois, sur l'antenne de TSFJAZZ, la journaliste Florence Colombani au sujet d'un cinéaste désormais réduit à jouer les tour-opérateurs pour pouvoir financer ses films, et cela au prix d'une sérieuse régression cinématographique.

"To Rome with Love" a pourtant le mérite d'exposer de manière jubilatoire ce nouveau contexte puisqu'il est justement question, d'entrée de jeu, de turbulences en plein ciel... On y voit ainsi  notre névrosé septuagénaire paniquer comme il se doit lorsque l'appareil qui l'emmène à Rome avec sa psy d'épouse se met à tanguer dans les nuages. Il est vrai que Woody Allen acteur et pas seulement réalisateur, c'est déjà le coup de pouce assuré au SMIC de rires auquel le réalisateur de "Zelig" nous a abonnés sans toujours honorer son contrat comme en témoignait encore, l'an dernier, le poussiéreux "Minuit à Paris"...

Dans les ruelles estivales du Trastevere ou sur les marches de la Piazza di Spagnia, heureusement, ça pétille d'avantage... Un peu à la manière de George Cukor, Woody Allen s'immerge dans des chassés-croisés amoureux dont il a le secret tout en ironisant sur les célébrités factices qui font partie de la la mythologie romaine ne serait-ce qu'en souvenir d'une célèbre séquence fellinienne du côté de la Fontaine de Trevi. Dans "To Rome With Love", c'est l'inénarrable Roberto Benigni qui devient ainsi, du jour au lendemain, la coqueluche des médias du fait même de son insignifiance tandis qu'un entrepreneur de pompes funèbres se métamorphose en star d'opéra grâce à une douche mobile, accessoire indispensable à l'harmonie de ses vocalises...

C'est souvent énorme, absurde, schématisé à outrance dans la description de certains personnages, sauf qu'on ne s'ennuie pas une seconde et  que le casting ménage quelques beaux moments, à l'image de  Jesse Eisenberg ( il jouait le fondateur de Facebook dans "The Social Network"), impressionnant de justesse et d'émotion dans sa traque de la fille à la fois irrésistible et impossible (Ellen Page, l'ex-mademoiselle "Juno")... Dans le rôle d'une prostituée des plus pimpantes, Pénélope Cruz est un peu plus anecdotique et en même temps en très joyeuse adéquation avec les sublimes ritournelles transalpines ("Volare", "Amada Mia, Amore Mio") qui font de ce "To Rome With Love" un en-cas savoureux entre deux cartes postales ensoleillées de la ville éternelle.

"To Rome with Love", de Woody Allen (le film est sorti en salles le 4 juillet)

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