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The Lost Daughter

Le mercredi 05 janvier 2022, par Laurent Sapir
Malgré la performance exceptionnelle d'Olivia Colman en mère coupable (ou plutôt qui se sent coupable), essai à moitié réussi pour "The Lost Daughter", premier long-métrage de Maggie Gyllenhaal primé à Venise et diffusé sur Netflix.

Entre transat et lectures,  Leda, une intello solitaire pas loin de la cinquantaine, s'apprête à savourer les vacances de ses rêves sur une île grecque. Des éléments incongrus vont pourtant cisailler sa sérénité apparente: un insecte bizarre dans son lit, une corbeille de fruits pourris, ou encore cette pomme de pin tombée d'un arbre qui atterrit dans son dos... Plus intempestive encore, la smala de fêtards qui débarque sur la plage. Parmi eux, une jeune mère un peu nerveuse. Sa fillette ne la laisse pas une minute en paix.

La comédienne et désormais réalisatrice Maggie Gyllenhaal mélange avec brio le balnéaire et le toxique, suggérant à la fois le genre de souvenirs que son héroïne a tenté de fuir et ce qui les fait ressurgir à la vision d'une poupée volée, pour reprendre le titre du roman d'Elsa Ferrante dont The Lost Daughter est l'adaptation. Leda n'a pas été la mère parfaite. Leda n'a pas goûté aux joies officielles de la maternité. Pire encore, elle les a court-circuitées pour préférer une autre forme d'épanouissement.

Finement amenés dans un premier temps, les flash-back censés éclairer le spectateur prennent malheureusement de plus en plus de place dans la seconde partie du récit. De quoi ternir la maîtrise formelle qu'on voyait poindre tout en diluant dans un trop-plein d'explications la thématique pourtant très forte qui inspire le film . Moins trouble et moins prenante, la trame s'égare définitivement dans l'histoire d'amour que vit la jeune Leda avec un prof de littérature caricatural et imbu de lui-même.

Franchement, on préfère la Leda qui n'a aucun complexe à avouer qu'elle a 48 ans, surtout quand c'est l'étonnante Olivia Colman qui lui prête ses traits. Déjà si magnifique dans The Father, la comédienne incarne de façon prodigieuse les gouffres intérieurs de son personnage, sa dureté qu'on devine si fragile et cette lourdeur qui peut si facilement se métamorphoser en grâce et en fantaisie. Plus qu'un prix du scénario peu en phase avec certaines failles d'écriture, c'est un prix d'interprétation féminine qui aurait dû auréoler la présentation de The Lost Daughter à la Mostra de Venise.

The Lost Daughter, Maggie Gyllenhaal, actuellement sur Netflix.

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