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ON A CLEAR DAY (YOU CAN SEE FOREVER)
ANTHONY STRONG

Sly

Le mercredi 24 février 2021, par La Rédac'
Renards virtuoses au programme de "Sly", le nouvel album du trio luxembourgeois Reis/Demuth/Wiltgen, et confirmation d'une vraie joie d'écoute lorsque ces trois-là sortent de leur tanière.

"Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute "... Toujours aussi espiègle, Maître Renard, laissant à nouveau marris tous les corbeaux de la terre dans une fable bien plus swinguante encore que celle du bon vieux La Fontaine. Le canidé a de la ressource, décidément, surtout lorsqu'il s'empare du visuel de Sly  ("rusé") , 4e album du trio luxembourgeois Reis/Demuth/Wiltgen dont les mélodies allègres nous avaient déjà bien boostés au moment de Once in a Blue Moon.

Tempos acidulés, ballades en mode rebond, tourneries au liseré arc-en-ciel... Le trio reste fidèle à un jazz gorgé de douceur aguerrie -osons l'oxymore- et de fraîcheur mélodique. Même lorsqu'ils optent pour un morceau d'actualité intitulé Viral, Michael Reis, Marc Demuth et Paul Wlltgen évitent le troisième sous-sol malgré une entame apocalyptique. La plupart des autres plages bénéficient de ce qui est la marque de fabrique du groupe, cet art consistant à nous emmener d'un espace à l'autre dans le même morceau, et pas seulement en mode crescendo.

C'est le mouvement même du renard qui est ici jazzé : furtif, agile, fébrile face au danger mais retombant toujours sur ses pattes. L'animal occupe d'ailleurs une place particulière, paraît-il, dans la mythologie luxembourgeoise. Le trio s'en empare dans une optique souvent figurative, telle la malice imprègnant Snowdrop, le titre qui ouvre l'album. Première attaque dans le poulailler, ensuite, sur les accents pop de No Storm Lasts Forever avant que l'hôte discret des forêts ne s'alanguisse, escapade pianistique de Michel Reis en renfort, au rythme de Silhouettes On The Kuranda, du nom d'une ancienne ville minière australienne.

Diary of An Unfettered Mind  (Journal d'un esprit libre) propulse l'album vers des sommets encore plus cadencés. Arpèges à la E.S.T, approche fiévreuse de Marc Demuth à la contrebasse et de Paul Wiltgen à la batterie, ce dernier faisant également pulser le magnifique Let Me Sing For You alors que Venerdi Al Bacio alterne ténèbres et luminosité. Moins évolutive dans sa trame mélodique, Nanaimo subjugue en même temps par sa délicatesse. Home Is Nearby clôt le voyage dans une sorte d'épure. Ce jazz qui sort ainsi de sa tanière, on n'a vraiment pas envie de le reconfiner. 

Sly, Reis/Demuth/Wiltgen (Cam Jazz). Sortie ce 26 février.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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