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Quand Henri rit...

Le mercredi 13 février 2008, par Laurent Sapir

Charles Trénet n'allait pas très bien. C'était il y a quelques années. Il fallait l'hospitaliser du côté de Mondor à Créteil. A TSFJAZZ, une stagiaire avait commencé son flash ainsi: "Charles Trénet a été admis à l'hôpital Henri Salvador"... Le lapsus trône toujours en haut du podium, dans le bêtisier de TSF. ça n 'a jamais arrêté de rire, depuis, dès qu'on parle d'Henri Salvador.

Ce soir, le journal de 18H commence par ce rire... Ce n'est pas le rire qu'on connait. C'est un rire jazzé, chanté, syncopé, orchestré, extrait du concert légendaire de 1982 sous le chapiteau de la Porte de Pantin... C'est un rire qui bat la démesure. Tout le monde pleure Henri Salvador aujourd'hui, mais il faut savoir qu'au-delà de son rire, beaucoup l'avaient déjà enterré de son vivant, sans le moindre sanglot. Philippe Ulrich, qui a produit "Chambre avec vue", nous racontait, sur TSF, comment les majors réagissaient lorsqu' il leur proposait de distribuer le disque, alors qu' Henri Salvador passait à l' époque pour le dernier des ringards: "Très bien monsieur, et à part ça vous faites quoi dans la vie?"

Il avait retrouvé de quoi rire, Henri Salvador, ce jour de juillet 2005, lorsque je lui avais tendu le micro de TSF pour nous parler du concert qu'il allait donner à la Bastille avec Gilberto Gil. Il était jovial, hilare, brésilien... Il s'esclaffait de se voir introniser précurseur de la Bossa Nova... Un peu plus tard, dans la même soirée, du côté du bassin de l'Arsenal, Gilberto Gil chantait à cappella, devant quelques journalistes privilégiés. C'est l'un de mes plus beaux souvenirs made in TSF ...

Le rire de Salvador, toujours... Pierre Barouh, légendaire fondateur du label Saravah, n'a pas trop apprécié la dernière blague d' Henri... Ils ne s'étaient pas vu depuis 40 ans... Ils devaient dîner ensemble demain...Il arrive à dépasser ça, Pierre Barouh. Il nous dit, sur TSF, qu'il y a une grande différence entre rire de soi et ricaner des autres: "Il y a un tel déferlement de sarcasmes en ce moment, à contrario d' Henri Salvador qui savait utilisait le rire dans l'aspect le plus sain, le plus convivial et dans le goût du partage".

Elle a toujours l' art de partir en vrille quand il le faut... Lancée en direct par notre tropical Rémi Kolpa Kopoul, la députée guyanaise Christiane Taubira se prend à rêver d'une place Henri Salvador au coeur de la Guyane où il est né... Elle nous appelle de Cayenne: "Ce sera une très belle place, bien boisée au bord de la mer, frappée par les vents avec des rochers, de la vase, avec aussi des aigrettes, ces grands oiseaux perchés sur de longues pattes qui picorent les alevins dans la vase... Je vois bien une place Henri Salvador à cet endroit, et de toute façon, dans les branches et les feuilles des arbres, je suis sûr que tous les soirs, au coucher du soleil, on entendra son rire"...

Henri Salvador (18 juillet 1917-13 février 2008)

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