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Pupille

Le mardi 25 décembre 2018, par Laurent Sapir

En tout début d'année, un film comme Jusqu'à la garde montrait à quel point un sujet à dossier (divorce et garde d'enfants) pouvait dégraisser ses codes les plus convenus au prix d'une écriture cinématographique hors-du-commun. Malgré des qualités indéniables, Pupille, deuxième long-métrage de Jeanne Herry, ne joue pas dans la même catégorie.

Au rayon de ce qui emporte l'adhésion, il faut d'abord noter le parti-pris judicieux d'un récit choral au regard d'une thématique traitée habituellement sur un mode plus resserré. De l'accouchement sous X à l'adoption finale, le scénario valorise ainsi toute une gamme de personnages et de professions, depuis la mère biologique jusqu'à celle qui adopte, en passant par l'assistante sociale, l'éducatrice spécialisée, le père d'accueil etc... Une pépinière servie par un casting de haute volée, à commencer par la trop rare Élodie Bouchez dans la peau d'une maman adoptive toute en fêlures et en détermination. 

Belle performance également d'Olivia Côte en assistante sociale contrainte de composer entre empathie et fermeté, sachant que de bons sentiments ne font pas forcément de bons adoptants. La fluidité de la mise en scène éclaire avec brio tous ces rouages, toute cette chaîne d'obstacles et de solidarités autour du petit Théo que la caméra filme avec beaucoup de sensibilité.

On sera d'avantage réservé sur la manière avec laquelle Jeanne Herry tente de faire fiction avec un matériau dont la richesse documentaire est telle qu'il se suffisait à lui-même. L'environnement professionnel d'Elodie Bouchez, audiodescriptrice pour des aveugles amateurs de Tchekhov, est-il à ce point passionnant, et fallait-il franchement en passer par les peines de cœur de Sandrine Kiberlain en travailleuse sociale ayant le béguin pour Gilles Lellouche ?

À tenter ainsi quelques sous-dramaturgies, Pupille effiloche son contrat de départ avec le spectateur. Ce dernier, en revanche, ne reprochera surtout pas à la réalisatrice d'offrir à sa classieuse maman deux ou trois séquences qui valent de l'or. Surtout quand cette maman s'appelle Miou-Miou.

Pupille, Jeanne Herry (le film est sorti le 5 décembre)

 

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