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Organ Power !

Le samedi 03 juillet 2021, par Laurent Sapir
Orgues, hard-bop et fiesta sonore... Avec son "Organ Power" qui enrichit la formule initiale du trio de deux soufflants, le saxophoniste Gaël Horellou signe un album gorgé d'énergie même si on raffole aussi de ses accents liturgiques.

Classé tout en haut du podium par TSFJAZZ en 2017 pour son album Identité, le saxophoniste Gaël Horellou ne s'est jamais jamais laissé enfermer dans une seule case. Un pied dans l'électro ou le jazz-rock progressif, une virée réunionnaise à l'affût des timbres de l'Océan Indien... Cet engouement pour toutes les rencontres est toujours allé de pair avec une réelle attache aux racines historiques de la note bleue tant cet altiste baladin a été biberonné à ce qu'il appelle lui-même le "vieux jazz", celui de Sidney Bechet et des big bands.

Bref, voilà autant "un homme de terrain qu'un homme tout-terrain ", comme le formulait sur notre antenne l'ami Jean-Charles Doukhan dans un récent Deli Express.  Ici, c'est l'héritage du hard-bop qu'il entend faire pulser, cuivrant davantage le Power Trio porté sur les fronts baptismaux en 2014 et 2016 avec les albums Roy et Moral de fer. Moral encore plus puissant à l'écoute de ce nouvel opus où Pierre Devret à la trompette et Simon Girard au trombone rejoignent Fred Nardin à l'orgue et Antoine Paganotti à la batterie.

Une seule reprise dans ce nouveau répertoire, Minority, de Gigi Gryce, dont l'éclat nous saisit dès la première écoute, ce qui ne rend pas moins stimulantes les compos de Gaël Horellou. L'une d'elle, Rouse, prend d'ailleurs aussi la forme d'un tribute à un ancien, Charlie Rouse, le sideman attitré de Thelonious Monk, avec une ambiance hypnotique au départ. On adore également le liturgique Interlude in Blue et le si mélodique Nathanaël dédié à celui qui a transformé le musicien en heureux papa il y a deux ans.

L'humeur générale du disque, en même bien, est carrément tonique, à l'image du radieux Twistin'. Cet Organ Power, c'est le diable qui sort de sa boîte. À la sonorité incandescente du sax font notamment écho les palettes à l'orgue de Fred Nardin, tantôt psyché, tantôt gospel, mais avec une finesse constante qui n'atrophie jamais la puissance dont regorge cet instrument. La configuration en quintet décuple les vertus d'un tel alliage dont la concoction soul-jazz n'exclut pas des versants passionnément exploratoires.

Organ Power !, Gaël Horellou (Fresh Sound Records)

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