Direct
WHISPER NOT
ART BLAKEY

Limousine II

Le lundi 20 février 2012, par Laurent Sapir

Entre jazz option B.O, prose électro et chansons instrumentales, le 2eme album de "Limousine" laisse entendre une musique de par-delà les nuages qui ne se laisse guère impunément étiqueter, sauf à y voir l'hypnotique conjonction de quatre talents résolument convaincus que le jazz est "est une musique qui demande d’aller voir ailleurs".

Le propos est signé Maxime Delpierre, le guitariste du groupe, dont les arpèges limite sauveageon ont déjà envoûté, dans le passé, les univers de Louis Sclavis et de Médéric Collignon (au sein du collectif Slang)... A ses côtés, outre David Aknin à la batterie et Frédéric Soulard aux claviers, on retrouve un autre ex-énervé en la personne de Laurent Bardainne, un saxophoniste un peu déjanté que TsfJazz avait rencontré, il y a quelques années, alors qu'il explorait le versant funk... d'Albert Ayler !

Tout ce beau monde, depuis, à l'air de s'être singulièrement calmé, comme si "Limousine" était d'abord une envie d'apesanteur, un renoncement à la fièvre, au débridé, à l'improvisation dans ce qu'elle peut avoir de proliférante et aux chorus dans ce qu'ils peuvent contenir de frénésie... em>"Limousine", c'est le jazz cool qui répond au Be-Bop, c'est John Zorn qui passe de "Painkiller" à "Dreamers" en emmenant avec lui un Marc Ribot soudainement assagi.

Résultat: neuf morceaux remarquables de concision, tournant le dos aux orgies de synthé et creusant les sources du minimalisme sans pour autant sacrifier la ciselure d'une mélodie. Certains morceaux, comme le dantesque "The Reindeer", sont parfois un peu plus sombres, mais dans l'ensemble, c'est surtout une sereine et apaisante mélancolie qui berce nos oreilles, surtout lorsque le saxe velouté et feutré de Laurent Bardainne mène la danse, notamment sur le planant et galactique "Cosmos"... Il sera toujours temps, plus tard, de reprendre le volant d'un 4x4 pétaradant dans la sueur et la poussière. En attendant, offrons-nous cette  "Limousine" tout confort avec son intérieur spacieux, sa carrosserie rutilante et sa tenue de route qui, en soi, est déjà une magnifique invitation au voyage.

II, Limousine (Ekler'o'shock)

Partager l'article
Les dernières actus du Jazz blog