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Les naufragés du Fol Espoir

Le dimanche 21 février 2010, par Laurent Sapir

C'est une quête improbable que nous propose Ariane Mnouchkine dans son nouveau spectacle, "Les naufragés du Fol Espoir"... La quête d'un théâtre qui viserait notre âme d'enfant... Un théâtre qui renouerait, également, avec la magie d'un Méliès ou d'un Griffith, au temps du cinéma muet, avec de bien grosses ficelles en matière de trucages... Malheur de malheur... Notre âme d'enfant, nous avons du la perdre en route... Elle aurait vaillamment résisté, sinon, à cette interminable "jules-vernerie" où plus d'une trentaine de comédiens gigotent dans tous les sens en s'efforçant de rendre leur périple passionnant.

Nous sommes en juin-juillet 1914, à la veille de la 1ère guerre mondiale... Dans le grenier d'une guinguette, un réalisateur caractériel et son extravagante frangine mettent en images l'odyssée d'un ex-archiduc devenu navigateur et qui rêve de construire la Cité Idéale sur une île située près du Cap Horn...Mais c'est un autre archiduc, du côté de Sarajevo, qui ramène la troupe à une réalité plus douloureuse, jusqu'à l'assassinat de Jaurès qui met fin prématurément au tournage.

"Les naufragés du Fol Espoir" nous invitent à rêver à un monde meilleur... On y parle de socialisme, de féminisme, d'abolition de la peine de mort... On y croise Darwin et la reine Victoria... On croule, en fin de compte, sous des vagues de bonne conscience -même en cinéma muet- et c'est d'autant plus pesant que ni l'interprétation, ni la partition musicale de la pièce, ne viennent transcender l'ensemble... Avec "Le Dernier Caravansérail" et "Les Ephémères",  la fondatrice du Théâtre du Soleil nous avait habitués à plus de finesse, de magie et de gravité.

Elle charge ici la barque du burlesque sans réellement convaincre... Quant aux moyens mis en oeuvre pour restituer le décor austral où évoluent ces naufragés d'un autre siècle, ils  renverraient plutôt à un "coup de vieux" inattendu du Théâtre du Soleil, même si on comprend qu'Ariane Mnouchkine a d'abord voulu rendre hommage aux artifices de l'époque... Il n'empêche que des metteurs en scène comme Robert Lepage ou encore Wajdi Mouawad on mieux su montrer, de leur côté, comment au théâtre, parfois, avec trois bouts de chandelle on est capable de faire voyager le spectateur et de réinventer le monde...

"Les naufragés du Fol Espoir", Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, à la Cartoucherie de Vincennes (jusqu'au 30 avril)

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