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EL BESO
MARCO MEZQUIDA

Lebanon

Le samedi 30 janvier 2010, par Laurent Sapir

La caméra est une arme... Elle se confond avec le viseur du tank . On y est, dans le tank... On y transpire, on y est encrassé, et comme les personnages de "Lebanon", on se prend la guerre en pleine figure... Après "Valse avec Bachir" d' Ari Folman, voilà donc un autre réalisateur israëlien, Samuel Maoz, qui nous raconte à son tour "sa" Guerre du Liban en adoptant, là encore, une forme cinématographique hors-du-commun.

Spectateurs claustrophobes, s'abstenir... "Lebanon", c'est la guerre vue de l'intérieur au sens littéral du terme... Confinés dans leur tank, les quatre jeunes soldats du film sont à la fois confrontés et tenus à distance des horreurs qu'ils sont amenés à commettre, et c'est par l'objectif déformé du viseur que surgissent, en zoom avant ou en travelling accompagné d'un grincement strident, une femme en pleine crise de démence, un vendeur de poules éventré ou encore le regard noir d'un vieil homme dont l'ami a été foudroyé en pleine partie d'échecs...

Et puis il y a tout ce qui se passe dans le tank à proprement parler : le bac en guise d'urinoir, la montée d'adrénaline, les nerfs qui lâchent, les corps qui puent d'angoisse et de suffocation... Comme dans un film de Tarkovski, des gouttes d'eau ruissellent dans le silence, elles s'introduisent dans l'appareillage du tank... Elles en disjonctent la trajectoire, symboliquement parlant, jusqu'à l'ultime embardée en plein champ de tournesols.

Soutenu par une bande-son époustouflante et à laquelle fait écho le clavier sourd et inquiétant de Benoit Delbecq, "Lebanon" paraîtra peut-être plus indolore, sur le plan politique, que "Valse avec Bachir", car même si ce qui nous est montré de cette guerre du Liban est suffisament évocateur de l'un des épisodes les moins glorieux d'Israël, force est de reconnaître que les quatre soldats du film apparaissent surtout comme des victimes qui tuent à contrecoeur. Sur un plan purement cinématogaphique en revanche, la réussite est totale, à l'image du Lion d'Or amplement mérité qu'a décroché "Lebanon" à la dernière Mostra de Venise...  

"Lebanon", de Samuel Maoz (Sortie en salles le 3 février) Coup de projecteur avec le pianiste Benoit Delbeck, ce mardi 2 février, sur TSFJAZZ (8h30, 11h30, 16h30)

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