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Le Serpent

Le lundi 19 avril 2021, par Laurent Sapir
Asiate et seventies à souhait, l'odyssée criminelle de Charles Sobhraj, dit "Le Serpent", donne matière à une série rudement bien ambiancée sur Netflix. Quelques bémols, néanmoins, à commencer par le jeu trop reptilien de l'acteur principal.

Mal-aimé dans son enfance, âpre au gain et maître en duplicité, Charles Sobhraj, dit "Le Serpent", avait sans aucun doute les aptitudes requises pour devenir serial killer. Ses cibles ? Des routards naïfs, en couple ou en solo, rêvant d'Asie dans les années 70 avec pour menus bagages tous les clichés de l'Occidental en quête d'exotisme low cost. L'impérialisme dans toute son arrogante candeur, se justifiera plus tard Sobhraj dont la mère vietnamienne a refait sa vie avec un officier français.

Cette odyssée au forts relents géopolitiques, Netflix et la BBC se sont surtout contentés de l'ambiancer avec une réelle virtuosité au travers d'une série qui agrémente la tension propre au thriller de chromos délicieusement tropicaux, de Bangkok à Bombay, en passant par Katmandou et Karachi. Le savoir-faire de deux scénaristes anglais formés à bonne école, Richard Warlow et Toby Finlay, parvient à capter l'attention même si le rythme de la série tarde quelque peu à atteindre sa vitesse de croisière.

Le déclic survient heureusement grâce à deux personnages féminins: Nadine Ginès en premier lieu, cette Française discrète mais courageuse qui parvient à espionner le "Serpent" et à ramener des preuves de ses méfaits. Mathilde Warnier lui prête un regard au charme fou, à la fois rieur et inquiet. Plus craquante encore, Jenna Coleman qui joue la compagne québécoise de Sobhraj. Entre Bonnie & Clyde et Les Diaboliques, le couple fonctionne sur bien des registres, même si la dévotion manifeste de la jeune femme pour son bonhomme finit par se heurter à un souci de casting plus embêtant.

À un scénario bringuebalant embrouillé par une redondance de retours en arrière et par une certaine lourdeur dans le jeu du jeune diplomate néerlandais lancé sur les trousses de Sobhraj, s'ajoute en effet le contre-emploi de Tahar Rahim dans le rôle principal. C'est là où le venin de ce serpent apparaît peu en raccord avec un comédien par ailleurs fort brillant mais qui peine ici à en incarner toutes les écailles. Pas assez séducteur, encore moins politique et doté d'à peine trois expressions différentes dans une série de huit épisodes, l'acteur fait écran entre le personnage et le spectateur. Sobhraj garde son mystère mais perd tout magnétisme. Seul son environnement a valeur de piment sur un plat parfois un peu tiède.

Le Serpent, Richard Warlow et Toby Finlay, actuellement sur Netflix.

 

 

 

 

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