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Le Professeur

Le mercredi 22 janvier 2020, par Laurent Sapir
Delon mal rasé, Rimini l'hiver, la trompette de Maynard Ferguson toute en "incurable mélancolie"... Beau DVD que ce "Professeur" de Valerio Zurlini malgré une texture un peu trop littéraire.

Delon, derniers feux. En 1972, il lui reste encore quatre ans avant Monsieur Klein, de Joseph Losey, et puis terminus. Blier et Godard essaieront bien de refaire monter la mayonnaise (Notre histoire, Nouvelle Vague), mais sans trop y croire eux-mêmes. Ci-gît l'acteur de Rocco et ses frères, désormais abonné aux polars égocentrés, mythe éternel se conjuguant définitivement à l'imparfait.

1972 du coup, c'est collector. Le Professeur sort sur les écrans cette année-là. Derrière la caméra, l'Italien Valerio Zurlini (1926-1982), "cinéaste des passions tristes" d'après le directeur du cinéma chez Arte-France Olivier Père interviewé dans les bonus du DVD sorti le mois dernier. Devant, un Rocco mal rasé, un Guépard  blafard, un type qui sort de La Piscine pour enfiler un chandail vert tout fripé et un manteau beige en poil de chameau. Comment fait-il pour magnétiser encore l'écran ? Mystère, génie, ou alors un cocktail des deux.

Le cadre n'aide pas, pourtant. Rimini l'hiver, ça vous réconcilie avec la Creuse. Surgi de nulle part depuis un embarcadère battu par les vents, un type traînasse jusqu'au lycée où il est censé faire un remplacement. Il suinte le mal-être, le déclassement, les drames mal cicatricés. À l'écran, il en reste encore le personnage de sa femme, joué par Léa Massari. Entre ces deux-là, le sexe est à la fois brutal et compassionnel. L'amour, c'est pour une autre, une lycéenne insaisissable prénommée Vanina, comme chez Stendhal, sauf que son passé n'a rien de littéraire.

Le film, en revanche, s'encombre un peu trop, parfois, de références culturelles. "L'incurable mélancolie" de la trompette de Maynard Ferguson, (le terme ne s'applique pas seulement au personnage de la jeune fille...) repositionne heureusement le spleen là où il faut. Tout est souillé, triché et damné dans cette romance perdue entre deux parties de poker et quelques soirées d'une orgiaque tristesse avec des "vitelloni" sordidement défraîchis. À l'époque, ces scènes-là n'ont pas plus à Alain Delon qui était aussi producteur. Son puritanisme légendaire et sa conviction qu'un film trop long nuirait à ses fans fabriquèrent une œuvre mutilée. Aujourd'hui, il regrette. Le Professeur est l'un des films dont il est le plus fier. Il a bien raison.

Le Professeur, sortie en DVD chez Pathé. Coup de projecteur avec Olivier Père, directeur du cinéma à Arte France, ce vendredi 24 janvier sur TSFJAZZ (13h30)

 

 

 

 

 

 

 

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