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Le Macbeth d'Ariane Mnouchkine

Le vendredi 06 juin 2014, par Laurent Sapir

Expulsés du château, M. et Mme Macbeth ! Pas de travées gothiques ni d'antichambres lustrées pour ces deux roturiers du mal qu'Ariane Mnouchkine dépouille de toute noblesse auréolée de tragique. Les Macbeth, elle en fait des Thénardier. Ou plutôt des Ceaucescu qu'il s'agit de rendre au peuple lequel demande des comptes. Car il y a bien un peuple dans cette affaire même si, tout affairés à la conquête de la couronne et au précepte "Le sang appelle le sang", les Macbeth n'y avaient jamais pensé, comme l'observe la fidèle Hélène Cixous dans le beau texte qui accompagne le programme.

Ce peuple, c'est la joyeuse troupe du Théâtre du Soleil (Soldats, résistants, sorcières et messagers...) qui lui donne vie. Toute une liesse sur scène, y compris lorsqu'elle participe aux changements de décor. Tout un monde, également. Une roseraie au parfum d'Asie parsemée de pétales rouge-sang, une lande ensablée et balayée par un bruit d'hélico comme si on était en pleine guerre du Golfe, des tables tournantes pour un banquet à l'atmosphère fin-de-siècle.

Autant de climats et de paysages pour dire que l'Écosse de Shakespeare, cela ne concerne pas seulement le Moyen-Âge. Sans être un fan éperdu de ce type de transposition, comment ne pas reconnaître l'inventivité, le panache et le souffle de ce que nous propose le Théâtre du Soleil pour saluer son demi-siècle d'existence ? Oubliés, les penchants infantiles du précédent spectacle (Les Naufragés du Fol-Espoir)... Avec Macbeth, Ariane Mnouchkine éclaire avec une flamme toujours ardente un théâtre populaire digne de ce nom.

Macbeth, de Shakespeare, mis en scène par Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes jusqu'au 13 juillet, puis à partir du 8 octobre.

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