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Le Comte

Le mercredi 18 octobre 2023, par Laurent Sapir
Pinochet en vampire, why not... Il faut bien admettre ceci étant, même si on aime beaucoup le réalisateur chilien Pablo Larrain, qu'il s'est loupé en beauté dans ce récit fantasque et morbide dont Netflix a l'exclusivité.

Pinochet: le retour. Face au cauchemar qui, pour les meilleures raisons du monde, continue de perturber son peuple, le Chilien Pablo Larrain mêle la farce à l'exorcisme. Dans un noir et blanc gothique qui ne s'épargne pas ici et là quelques effluves gore, l'ancien dictateur est transformé en vampire aux multiples exploits, bien au-delà du renversement de Salvador Allende il y a 50 ans.

Pas le genre à se faire un sang d'encre, le Dracula de Santiago... Au moment de la Révolution française, déjà, et alors que Marie-Antoinette passe sous un couperet qui le fascine d'emblée (rien qu'à sa façon de lécher la lame de la guillotine après l'exécution...), celui qui se fait alors appeler Claude Pinoche a choisi le camp qui sera toujours le sien: il est officier dans l'armée de Louis XVI. Contre toutes les révolutions, "en Haïti, en Russie et en Algérie ", il est partant pour sucer le sang de la plèbe, même si elle dégage parfois un goût "âcre", comme le sang de cet ouvrier qu'il assassine en Amérique du Sud.

Ça y est, il a trouvé le continent de ses rêves. La suite, on la connaît, même si Pablo Larrain s'attache plutôt à la période qui suit le départ de Pinochet du pouvoir. Dans un paysage livide façon fjord, l'ex-tyran se ne résout toujours pas à mourir. Ce serait pourtant l'issue rêvée face à des enfants cupides prêts à tout pour toucher l'héritage, sans oublier cette jeune nonne oscillant entre humanité et perversité jusqu'au moment où l'on comprend qu'elle est missionnée par l'Église pour toucher également le jackpot de l'ancien général.

À ce stade du propos, hélas, et alors que le scénario semble se focaliser sur d'obscurs épisodes politico-mafieux liés à l'ancienne dictature, le spectateur a perdu pied depuis longtemps. Jackie Kennedy et Diana Spencer donnaient bien mieux la réplique à la virtuosité acide de Pablo Larrain. Seule vraie réussite, la voix off de ce film aussi fantasque qu'improbable, son accent furieusement british et l'identité finale de la narratrice qui fut, dans la vie réelle, l'amie si chère de ce brave Augusto... On aurait aimé, toutefois, que ce récit ait plus de sang dans les veines.

Le Comte, Pablo Larrain, Lion d'argent du scénario à la Mostra de Venise, à découvrir sur Netflix.

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