Reproduction d'un mail envoyé au réalisateur Bertrand Tavernier à l'occasion de la publication d'un livre d'entretiens, "Le Cinéma dans le sang / entretiens avec Noël Simsolo"

Cher Bertrand Tavernier,

Je viens de terminer "Le cinéma dans le sang" et, à chaud, je voulais vous faire part du bonheur de lecture que procure ce livre d'entretiens avec Noël Simsolo, que nous connaissons bien également à TsfJazz, et qui nous a lui aussi montré, à plusieurs reprises, qu'il est, comme vous, un ultra-sensible d'exception. C'est vrai que vous avez le "cinéma dans le sang", Bertrand Tavernier, sauf que cette expression, chez vous, ne renvoie absolument pas à ces gens qui ne pensent qu'à leur art et qui se foutent du monde autour d'eux.

C'est parce que vous avez le cinéma dans le sang, je crois, que vous vous êtes immunisé contre toutes les abominations qu'on inflige au genre humain et que vous vous êtes forgé une conscience et une humanité qui irriguent vos plus beaux films ("Que la fête commence", "Un dimanche à la campagne", "Autour de minuit", "L.627", "L'Appât", "Holy Lola", "La Princesse de Montpensier", et en première place bien évidemment, "La Guerre sans nom")...

C'est parce que vous avez le cinéma dans le sang que vous nous avez fait prendre conscience, avec vos "amis américains", de la manière avec laquelle le maccarthysme a "cratérisé" la production cinématographique étatsunienne... C'est parce que vous avez le cinéma dans le sang que vous parlez (et que vous écrivez) aussi bien des autres (J'adore les passages sur Jean-Pierre Melville) que de vous. Je crois aussi que c'est parce que vous avez le cinéma dans le sang que vous avez également le jazz dans le sang.

Aucun règlement de comptes dans cet ouvrage, malgré tous les traitements injustes qu'une certaine élite vous a réservés... La même élite qui a vomi Claude Sautet, Alain  Corneau, Bertrand Blier (tiens ! que des cinéastes jazzfans, comme par hasard...), comme si cela n'avait pas suffi, en d'autres temps, que soient snobés des cinéastes comme Samuel Fuller et Clint Eastwood... J'espère en tout cas, contrairement à ce que vous suggérez à la fin de l'ouvrage, que vous ne prendrez jamais votre retraite et que vous continuerez à inventer et réinventer, d'un genre à l'autre, ce cinéma fougueux, chaud comme l'amour et fin comme l'intelligence qui est votre marque de fabrique... Et puis j'espère aussi que TSFJAZZ aura prochainement l'occasion (le contact a déjà été pris avec votre attachée de presse) de relayer comme il se doit la parution de ce livre d'entretiens.

Amicalement, Laurent Sapir.

"Le cinéma dans le sang/Entretiens avec Noël Simsolo", de Bertrand Tavernier  (Editions l'Archipel) A suivre, sur TSFJAZZ, les Lundis du Duc, le lundi 5 décembre, à partir de 19h en direct du Duc des Lombards, avec pour invités Bertrand Tavernier, Noël Simsolo et le compositeur Philippe Sarde.