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JAMIE CULLUM

La Possibilité d'une île (le film)

Le mardi 02 septembre 2008, par Laurent Sapir

Le buzz a été catastrophique... Promis au destin de "bide" de la rentrée, "La Possibilité d'une île", écrit et réalisé par Michel Houellebecq, dévoile au final un charme, une étrangeté, et un sens de l'image qui parviendraient presque à éclipser la mollesse de la mise en scène et le caractère saugrenu de plusieurs séquences...

Le spectateur, à vrai dire, ne retrouvera pas vraiment ce que le lecteur a ressenti, car en passant derrière la caméra, Michel Houellebecq a élagué tout ce que son roman avait de caustique, notamment sur le plan sociétal... Il a filmé des bribes de "La Possibilité d'une île", et il n'a pas hésité à modifier certaines situations et certains caractères, comme si l'auteur interprétait ce qu'il a lui même écrit... On retrouve néanmoins le personnage qui nous avait tant marqué dans le roman originel, Daniel, un "néo-humain" survivant dans un monde post-apocalyptique après avoir été clôné lorsqu'il vivotait dans une secte promettant à ces adeptes l'immortalité.

C'est évidemment tout le côté "sectaire" de l'affaire qui a du mal à passer la rampe cinématographique... Les dialogues frisent souvent le ridicule, le rythme ne suit pas, Benoît Magimel, dans le rôle principal, n' en finit pas de se chercher, et l'apparition d'Arielle Dombasle en adepte mexicaine n'est pas loin de propulser le film dans le précipice des pires nanars... Seulement voilà: au bord du précipice, Houellebecq est rattrapé par une naïveté et un romantisme échevelé qui ne sont pourtant pas vraiment sa marque de fabrique... Est-ce parce qu'il a mis de côté les traditionnelles cochonneries dont sa plume aime tant se faire l'écho, notamment sur le plan sexuel ?

Quoiqu'il en soit, il y a dans cette adaptation une sincérité et, disons le mot, une honnêteté qui nous touchent et qui explosent dans la dernière partie du film, magnifiquement ancrée dans les paysages de fin du monde de Lanzarotte... Au générique du fin ( lui aussi magistral), c'est curieusement la première scène du film qui nous revient en mémoire: dans une salle à moitié vide, un gourou dévide ses insanités devant une assistance où figure Michel Houellebecq en personne... Il est ailleurs. Il n'a pas l'air de prêter attention à ce que dit le gourou. Il va même jusqu'à allumer une cigarette avant d'être rappelé à l'ordre... C'est Droopy dans toute splendeur, et c'est bien un parfait résumé de cette " possibilité d'une île " qui possède à la fois les limites mais aussi toutes les vertus de la possibilité d'un film...

La Possibilité d'une île, de Michel Houellebecq (Sortie en salles le 10 septembre)

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