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La Fille du RER

Le lundi 09 mars 2009, par Laurent Sapir

Cheveux au vent, libre comme l'air, Jeanne (Emile Dequenne) patine le long de la Seine. André Téchiné suit le rythme. Lui aussi patine tout au long de cette " Fille du Rer " qui lui a été inspirée par une actualité retentissante, durant l'été 2006, lorsqu'une jeune mythomane inventa carrément une agression antisémite dans un train de la banlieue parisienne.

On aimerait comprendre beaucoup de choses dans cette entreprise, et en premier lieu ce qui a conduit Téchiné à imaginer une intrigue aussi brumeuse autour de ce fait divers. On aimerait comprendre, plus précisément, ce qui pousse finalement le personnage d'Emilie Dequenne à devenir la mythomane du RER, après une heure de film particulièrement poussive qui, de fait, n'explique pas grand chose: Jeanne patine, donc... Jeanne s'éprend d'un jeune lutteur plutôt beau gosse (Dominique Duvauchelle), avec pas mal de bagout, sauf que ces deux là vont bientôt avoir de gros ennuis avec la police.

En parallèle, et sans qu'on saisisse le moins du monde le lien entre les deux histoires, la mère de Jeanne (Catherine Deneuve) reprend contact avec un de ses ex-soupirants (Michel Blanc), avocat efficace de la communauté juive, et qui trimbale avec lui un petit-fils en pleine crise d'ado. Un lien est censé alors s'établir entre la dérive de Jeanne et le mal-être du gamin à l'aube de sa Bar-Mitzvah... Vous suivez toujours ? On aimerait comprendre, en fait,  pour quelle raison André Téchiné n'a pas creusé la seule réelle hypothèse (soulevée d'ailleurs par l'un de ses personnages) qui pouvait donner matière à un "vrai" film, à savoir que l'agression du RER aurait tout simplement été " inventée " par l'Etat français à l'époque, alors que l'examen le plus superficiel du dossier aurait du conduire n'importe quel responsable politique digne de ce nom à ne pas céder à l'emballement médiatique.

On aimerait comprendre, enfin, ce qui est arrivé à Téchiné. On se souvient du flamboyant "Hôtel des Amériques". On reste encore marqué, à vif et à vie, par des films de chair et de sang comme "Rendez-vous", "Les Roseaux Sauvages", "Le Lieu du Crime", "Ma Saison Préférée", "Les Innocents", et surtout le définitivement sublime "J'embrasse pas"... Et c'est le même réalisateur qui cède désormais à une lourdeur narrative sans nom... On aimerait croire que la défaillance n'est que passagère.

La fille du RER, d'André Téchiné (Sortie en salles le 18 mars) 

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